Salon du livre : rencontre avec Valérie Murat

Elle est de ces rares auteurs qui publient un livre en tahitien. Valérie Murat, professeure agrégée en langue française option tahitien, avait cette idée en tête depuis longtemps. Elle qui ne parlait que tahitien durant son enfance, a enfin relevé ce défi, avec une arrière-pensée. "Plus les locuteurs vont utiliser la langue, même si elle est mal utilisée, même si les phrases sont mal structurées, même si le lexique n'est pas le bon, plus elle sera fertilisée et plus elle va vers sa survie," explique-t-elle.

Elle a mis un an à publier son premier ouvrage : un recueil de 40 poèmes en tahitien et français. Deux d’entre eux traitent de la violence intra-familiale. "Si on se focalise sur nos souffrances, on ne peut pas s'en sortir. On est obligés de voir la lumière et de sortir de là."

Des poèmes rédigés à partir de ce qu’elle voit, ressent, à base de souvenirs ou complètement inventés. Des mots pour soigner les maux, mais aussi pour questionner. "Quand j'ai écrit le poème sur l'enfance, l'enfant qui se demande 'pourquoi je viens à l'existence, je suis maltraité ?' ça, c'est une expérience. Et la mettre en mots, ce n'est pas seulement une thérapie. C'est aussi une sorte d'engagement. On engage les gens à se poser les bonnes questions, à s'interroger sur le sens de la vie. C'est aussi ça l'écriture, pour moi."

Un recueil de poésies illustré, publié à 600 exemplaires, dont la moitié est déjà précommandée par des établissements scolaires. Une opération qui a couté à l’auteure, 900 000 francs pacifique. Pas à la portée de toutes les bourses. Une activité qui doit donc répondre avant tout, à un plaisir.