"On a eu envie de la décorer du mieux qu'on peut et, quelque part, y'a eu un message de faire confiance aux gens, explique Kaiva Flosse d'une pâtisserie de la capitale. Mais on espère que ce premier acte de vandalisme ne va pas se reproduire."
Ce chef d’entreprise a porté plainte, après qu’un sans domicile fixe ait cassé sa vitrine. Interpellé puis relâché, le SDF a récidivé. "Il a relancé un caillou sur la même vitre qu'il venait de casser et endommagé une voiture qui était à proximité."
Dans une parfumerie voisine, les employées, exclusivement féminines, souvent confrontées à des situations compliquées, tentent de composer au mieux avec les vigiles du centre. "Il a voulu se parfumer, raconte Rosine. Habituellement, on les laisse se parfumer [...] mais là, il était très agressif, probablement sous alcool et sous stupéfiants aussi. Quand le ton s'est levé, j'ai appelé le vigile."
"On demande aux vigiles de gérer, précise Moena. Il nous est arrivé parfois d'appeler la DSP quand le vigile n'arrive pas à gérer quand ça devient un peu agressif."
D’autres enseignes sont régulièrement visitées ou vandalisées, mais le fatalisme gagne les commerçants. "On a prévenu la mairie, mais c'est vrai qu'il serait grand temps de faire quelque chose, déplore la gérante d'un snack. Mais apparemment, il n'y a rien de prévu pour eux."
Tous les sans-abris ne sont pas agressifs. Et parmi la communauté, certains sont dotés d’un réalisme à toute épreuve. "ça fait tomber leur chiffre d'affaires, reconnaît l'un d'eux, assis devant une banque. Je suis d'accord avec eux, mais moi j'essaie de survivre aussi. Je reste plutôt près des banques et de dors dans la cathédrale."
"Avec ces quelques SDF qui agressent les commerçants, tout le monde est mal vu, raconte une autre. Tout le monde est pareil aux yeux des gens après."
Ils sont environ 360 à vivre dans la rue aujourd’hui, dont 2/10 avec des troubles psychiatriques, selon le directeur du centre d’accueil Te Vaiete, qui voit la mendicité grandissante. "Ce ne sont pas les personnes à la rue en général, explique Père Christophe. Mais les personnes avec un trouble psychiatrique qui posent un vrai vrai problème. Ca fait 5 ans qu'on signale une augmentation de ces personnes dans la rue." Car une minorité se retrouve à la rue en rupture de traitement, sans aucun suivi.
La solution viendra peut-être avec le centre de formation et de réinsertion du Père Christophe qui devrait voir le jour en juin 2023, hors de la zone commerçante.
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