Temounui, 13 ans, est assis sur la plage, de l'autre côté de la rivière, où la route s'arrête. Planche à la main, il a les yeux rivés vers l'horizon. Des moutons se forment au large. Le vent déferle et crée des remous dans l'eau. Impossible de surfer sur le spot de Havae ce mardi...mais le malheur des uns fait le bonheur des autres dit-on. À l'embouchure du PK 0, les conditions sont idéales pour les petits surfeurs en herbe. "Je regarde les vagues et je vais voir si je vais aller surfer !" lance le petit garçon. À côté de lui, son copain, torse-nu, est déjà prêt. Il ne peut plus attendre. "On peut enfin s'amuser !" s'exclame-t-il avant de s'élancer dans le sable noir.
Les deux adolescents se jettent à la mer, où une quinzaine de jeunes s’en donnent déjà à cœur joie, en bodyboard ou en surf. Ils retrouvent le “beachbreak” qu’ils ont eu peur de perdre à cause des travaux de la passerelle et de l’enrochement de la rivière pour les Jeux.
Les gendarmes sont toujours à leur poste et filtrent la passerelle mais sont “plus tolérants aujourd'hui parce-qu’il n’y a pas de compétition” explique le chef d’équipe. La nouvelle est vite arrivée aux oreilles des autres riverains qui se sont joints à la fête, sourire aux lèvres. “Les collègues nous ont prévenu. On a demandé aux policiers si on pouvait y aller, il nous a dit oui mais il faut passer la rivière” s’emballe un jeune homme en chemin vers la plage.
Plusieurs athlètes internationaux, qui logent à quelques pas de la plage du PK 0, se sont laissés tenter par les petites vagues d’un mètre déroulant près du rivage, comme l’Australienne Molly Picklum, quatrième mondiale éliminée aux repêchages dimanche par la Française Johanne Defay, ou encore Carissa Moore, qui doit encore affronter Sarah Baum en huitièmes de finale lors de la reprise de la compétition.
La fan zone est fermée à cause du temps. L’écran géant est éteint. Les chapiteaux blancs installés là pour les Jeux Olympiques s'agitent au gré des alizés.
Devant les anneaux olympiques posés au PK 0, Leto prend la pose. Le chien du Peloton de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie a huit ans. C’est sa dernière mission avant la retraite. Et quelle mission ! “C’est unique, je ne sais pas si un jour on pourra revivre les Jeux Olympiques à Tahiti” confie son maître en uniforme. Ses trois collègues acquiescent. Ils sont quatre agents du PSIG déployés sur le site olympique jusqu’au 05 août. Le rôle de cette unité spécialisée de la gendarmerie est de lutter contre la délinquance de voie publique.
L’ambiance est bon enfant au PK 0. Les locaux ont repris possession du lieu. Et ceux qui travaillent pour les JO en profitent pour lever le pied. “On se promène sur le site, ça fait du bien d’être un peu à terre” souffle Tetumanaiva, capitaine de l’un des 24 bateaux réquisitionnés pour les Jeux Olympiques, consciente du privilège qu’elle a de vivre ces Jeux au cœur même du spot de surf.
De leur côté, les forains de Teahupoo, qui ont longtemps hésité à démonter leurs baraques, ont finalement décidé de rester jusqu’au 05 août. Tant pis s’ils travaillent à perte, pourvu qu’ils laissent en souvenir une bonne image de la Polynésie et de leur petit village. La compétition pourrait reprendre ce mercredi 31 juillet à 12h.