Tarifs convenus et en hausse pendant la crise covid : l'APC sanctionne les pompes funèbres

Selon l'APC, les tarifs des sociétés funéraires durant la crise sanitaire se sont révélés être tirés vers le haut, et cela au détriment des familles endeuillées.
11 sociétés funéraires ont été sanctionnées par l’Autorité polynésienne de la concurrence. Les amendes s’élèvent pour un montant total de plus de 6 millions cfp. Durant la crise covid de 2020, elles s’étaient entendues sur un tarif, empêchant la libre concurrence. Autre conséquence : la hausse des prix appliquée au détriment des familles endeuillées.

Heiani et sa famille ont supporté le décès de 3 de leurs membres, leur père, leur mère et leur frère. A l’instar de ce dernier, elles ont dû débourser 2 fois en l’espace de 2 semaines. "Le prix, ça été vraiment secondaire. Nous ce qu'on cherchait, [c'est qu']on les prenne bien en charge, et que tout se passe bien, c'était surtout ça", raconte Heiani Yieng Kow.

Les sociétés mortuaires auraient-elles profité de la vulnérabilité des familles endeuillées en sur-facturant leurs prestations durant la pandémie ? Une surestimation volontaire et en toute conscience selon le rapport de l’Autorité polynésienne de la concurrence. Pour un chiffre d’affaires s’élevant à plus de 9 millions cfp pour la plus grosse entreprise du marché, en 3 mois. "Nous avons constaté que certaines hausses qui étaient avancées par ces entreprises n'étaient pas forcément justifiées, et que de toute façon c'est important de rappeler que les entreprises sont libres de répercuter les hausses de coût éventuelles liées à la crise sanitaire sur leur propre tarif de manière individuelle. Par contre, cela ne justifie en rien le fait de se mettre ensemble et d'établir des tarifs en commun. Lesquels se sont révélés être plutôt tirés vers le haut, et l'ont été au détriment des familles endeuillées en situation de particulière vulnérabilité", explique Johanne Peyre, présidente de l’Autorité polynésienne de la concurrence. 

L'APC remarque que certaines hausses avancées par les entreprises n'étaient pas forcément justifiées et que cela ne justifie en rien le fait d'établir des tarifs en commun.

Pour un décès lié à la covid 19, la prise en charge pouvait s’élever à plus de 370 000 cfp, contre 234 000 cfp, hors crise sanitaire. 
Les sociétés mortuaires affirment que cette hausse était nécessaire pour faire face aux dépenses supplémentaires. L’une d’elles se défend de tout profit. "C’est vraiment faux parce que les frais funéraires dépendent des familles, c'est elles qui choisissent. Mais par rapport à l'épidémie de covid, il y avait des suppléments qui concernaient la sécurité et la contagiosité des décès...que la CPS a pris en charge. Mais c'est 30 000 cfp en supplément des factures normales...Lors du départ d'Air Tahiti Nui, on nous a prévenus il y a 1000 housses qui devaient arriver. Mais nous les entreprises funéraires, on ne les a jamais eues. L'hôpital nous a dit de nous débrouiller, d'acheter nous-mêmes nos housses ! C'est ce qu'on a fait", s'insurge Maxime Hapipi, gérant de la société HPP Funéraire.

Maxime Hapipi, gérant de la société HPP Funéraire, se défend de tout profit pendant la crise sanitaire.

Des prestations prises en charge par la CPS, sous condition, pour une enveloppe maximum de 80 000 cfp pour les enfants, et 150 000 cfp pour les adultes.  

Concernant les tarifs appliqués pendant la vague meurtrière Delta, durant laquelle 636 Polynésiens ont perdu la vie, on ne peut que compter sur la bonne foi des sociétés mortuaires.

Sanctions prononcées par l'APC :

3 069 982 cfp à Funéraires Min Chiu ;

1 823 337 cfp à Funéraire Tehei Services ; 589 842 cfp à HPP Funéraire ;

446 761 cfp à Vaxelaire Mortuary et Graniterie ; 364 589 cfp à Funéraire Maraetefau ;

85 928 cfp à Pompes funèbres Teave Julienne ; 202 500 cfp à Funéraire Matairea ;

101 250 cfp à Funéraire Maruhi Services ; 101 728 cfp à Loïc Funéraire ;

61 560 cfp à Raromatai Funéraire ;

48 825 cfp à Min Chiu Junior Moorea.