"J'étais encore au lycée que vous étiez déjà au pouvoir" lâche Nuihau Laurey à Gaston Tong Sang. L'offensive est lancée... Un à un, chacun réfute l'argument de son adversaire politique. Pour la tête de liste du A Here ia Porinetia (AHIP), il est plus que temps de changer le système politique "en limitant les mandats à deux ans, comme dans toutes les grandes démocraties, en rendant incompatibles certaines fonctions, en utilisant davantage le référendum, qui existe depuis 2004 [et que l'on] n'a jamais été utilisé."
Sur la défensive
Des mesures que Gaston Tong Sang, maire de Bora-Bora depuis 1989 et président de l'Assemblée Territoriale, juge "anti-démocratiques" : "c'est grâce à la durée de ce mandat que j'ai pu réaliser de grandes opérations : l'eau potable, tu ne peux pas régler en un mandat, l'assainissement tu ne peux pas régler en 2 mandats, les déchets tu ne peux pas régler en trois mandats. Il faut une continuité dans l'action publique. Pour moi, limiter les mandats c'est confisquer la parole du peuple."
Nuihau Laurey défend sa position : "la longévité au pouvoir mène à toutes les dérives et tous les abus." Des abus comme les "dépenses non essentielles" souligne le candidat vert et notamment "celles de l'Assemblée : deux milliards quatre cents mille... - NON : deux milliards !" riposte aussitôt Gaston Tong Sang. "C'est faux de dire que les deux milliards consacrés à l'Assemblée, c'est de l'argent foutu en l'air. On a quand même voté des lois capitales pour notre Pays" poursuit-il. "J'espère bien qu'on a voté des lois, on est payés pour ça ! On siège une fois par mois ! Il y a un vrai problème de fonctionnement de l'assemblée !" tacle Nuihau Laurey.
Incohérences
Afin de répondre à cette problématique, le A Here ia Porinetia propose de réduire le nombre de représentants à l'assemblée. Une mesure "incompréhensible" pour Gaston Tong Sang : "si Nuihau pense qu'il y a trop d'élus à l'assemblée, pourquoi se présenter aux élections ? Cela fait déjà des représentants en moins ! Appliquons nous, à nous-même la même chose !"
Le maire de Bora a tendu le baton pour se faire battre... Pourquoi dans ce cas, ne pas avoir respecté l'obligation vaccinale ? "Monsieur Tong Sang a voté cette loi qu'il ne s'applique pas à lui-même. C'est quand même ça le problème !" fustige Nuihau Laurey. Gaston Tong Sang se justifie : "je me suis excusé devant le parti. C'est une loi qui a été votée pour soumettre aux salariés cette obligation vaccinale et non pas à l'ensemble des salariés. (...) Si on observe le bilan, à Bora-Bora, il n'y a eu que 5 morts sur 10 000 habitants en deux ans. J'ai protégé ma population."
Des explications "vaseuses" selon Nuihau Laurey. L'élu rouge semble perdre patience et interroge, goguenard, "j'aimerais bien que tu me donnes ton bilan, tu as sauvé combien de vies ? - Vous êtes ridicules avec vos arguments" répond Nuihau.
Pour lui prouver le contraire, Gaston Tong Sang expose un document indiquant des statistiques en baisse. "Contre la vie chère, on a pris 25 mesures, on n'a pas attendu ! On est en train de gagner la bataille contre l'inflation. On a fait baisser le prix de l'essence, rallonger la liste des PPN. (...) Regardez le nombre de grues dans la rues. Si les investisseurs se lancent dans leurs projets c'est qu'il y a une certaine confiance dans ce gouvernement." Pourtant, le Tapura ressort deuxième au premier tour et son alliance avec le Amuitahiraa o te nunaa ma'ohi montre que le parti n'est pas confiant.
Le parti rouge remet désormais en question la taxe sociale qu'il a tant défendu. "On a entendu Bouissou dire qu'elle était essentielle à l'équilibre de la PSG et au paiement du moni ru'au et puis finalement avec l'alliance avec le Amuitahiraa, on voit qu'on peut supprimer une partie de cette taxe... Cela n'a pas de sens" pointe du doigt Nuihau Laurey.
"Les débats avec toi ce n'est pas la peine finalement, tu restes dans ta bulle" conclut le maire de Bora. À l'approche du second tour, les tensions sont de plus en plus palpables...