Les élections territoriales auront lieu les 16 et 30 avril prochains. Mais avant, les tractations vont bon train., et les partis planchent sur leurs programmes. Pour le Tapura d'Edouard Fritch, ce sera fait lors d'un prochain conseil politique, en février. Pour le Tavini d'Oscar Temaru, un congrès est prévu, son calendrier n'est pas encore fixé. Le A Here i'a Porinetia de Nicole Sanquer a choisi en revanche, la date du 25 février. Pour le Ia Ora te Nuna'a de Teva Rohfritsch, ce sera en mars.
Le Amuitahira'a o te nuna'a maohi de Gaston Flosse prévoit lui, en mars, une grande Assemblée Générale. C'est le 28 janvier que Hau Ma'ohi Ti'ama de Tauhiti Nena et le Te nati rassemblent national du député européen Eric Minardi officialiseront leur alliance pour les Territoriales.
Contrairement à 2018 où les autonomistes s'étaient regroupés, comme un seul homme, sous la bannière du Tapura, les Territoriales de 2023 marquent le retour de la division de leur camp. Les élections se suivent et les mots d'ordre changent.
En 2018,c'etait " TSF ", Tout Sauf Flosse. Ça a marché. L'essai de 2013 avec le A Porinetia a été transformé. Pour ces Territoriales du 16 et 30 avril, le Tout Sauf Flosse devient le Tout Sauf Fritch. Un slogan qui fédère aujourd'hui les trois partis autonomistes en concurrence avec le Tapura. Du moins, ceux à ce jour, officiellement déclarés : le A Here i'a Porinetia, le Ia Ora te Nuna'a et le Amuitahira'a o te Nuna'a maohi.
Une nouvelle donne pour ces Territoriales
Le clan autonomiste est encore une fois divisé sur la question de son leadership. Du moins, cette question du " meneur " redevient centrale. Certaines déclarations l'attestent. Teva Rohfritsch appelle au rassemblement des autonomistes dès le premier tour mais pas question de voter Tapura au second tour si son parti ne passe pas. "Si on appelle au renouvellement de la classe politique, Edouard Fritch ne peut être président "a-t'il expliqué à Tahiti infos.
Pour Gaston Flosse, le président du Amuitahira'a o te nuna'a maohi, le message est plus direct : " la première leçon des Législatives, c'est qu'il faut sortir le Tapura " dixit le vieux lion.
La tâche ne sera pas facile de " sortir " le Tapura
Mais il ne sera pas aisé de devancer le Tapura, pour trois raisons essentielles. D'abord, le mode de scrutin et son premier écueil à franchir, le seuil de qualification pour le second tour et un sésame à décrocher, la prime majoritaire de 19 sièges.
Ensuite, le Tapura a de solides atouts, sa majorité confortable à l'Assemblée de la Polynésie française. 38 maires sur 48 acquis à sa cause y compris le maire de Punaauia qui sera bien la tête de liste de la section 3 des îles du vent.
Enfin, même si la gouvernance du Tapura est critiquée par l'opposition, quoi de plus normal en démocratie, la majorité au pouvoir peut faire valoir la reprise de l'économie et de l'emploi, la stabilité politique du Pays et les bons rapports avec l'Etat. C'est ce qu'ont d'ailleurs souligné les organisations patronales du fenua.
Malgré tout, trois interrogations majeures se posent. Quel sera demain, le poids des partis historiques du fenua ? Réponse à l'issue du scrutin. Quelle sera la stratégie des opposants à Edouard Fritch au second tour ? La politique, ça n'est pas que de l'arithmétique. Tout est possible.
En 2008, à l'époque sans prime majoritaire, le Tatou a'i a de Gaston Tong Sang avait remporté les Territoriales face à de sacrés adversaires. En premier lieu, Gaston Flosse et Oscar Temaru, leader du Tavini. Et dernier question, quel sera le taux de participation ? En baisse de 6 points entre 2013 et 2018, il sera aussi déterminant.
Pour ces Territoriales des 16 et 30 avril, on peut toujours imaginer qu'une large coalition se mette en place entre les deux tours en vue d'un " tau'i bis ", d'une nouvelle période transitoire qui pourrait dans le futur, autant favoriser les indépendantistes, la prise de pouvoir des opposants à Fritch ou le retour du Tapura. Ce sera quitte ou double.
En tout cas, à la clé, la même instabilité politique engendrée après le tau'i de 2004 et des robinets de l'Etat fermés. Ça c'est de la politique fiction. Mais l'histoire peut se répéter.