C'était le dernier face à face avant le scrutin décisif de dimanche, le 2ème tour des élections Territoriales. Et pour ce rendez-vous matinal, un candidat du Tavini, arrivé en tête à l’issue du 1er tour, et une candidate du Tapura : Tematai Legayic face à Teura Iriti. Au menu de ce débat : le statut de la Polynésie mais aussi et surtout la situation et l'évolution économique du Pays.
Rien de bien nouveau concernant l'évolution du statut de la Polynésie française. Les deux partis restent dans leur idéologie, autonomie contre indépendance. Mais si l’évolution institutionnelle fait évidemment partie du programme des candidats et constitue un point important pour l'avenir de la Polynésie, elle n'est pas non plus l'élément phare de cette élection.
Baisser la TVA conte une fiscalité plus juste
Au coeur des discussions, la situation économique du Pays. Avec, bien sûr, en premier lieu la taxe sociale. Teura Iriti la défend : "cette taxe de 1% va directement dans la case de la CPS, les PPN ne sont pas taxés, le message est fort : nous sommes là pour accompagner les familles car elles en ont besoin (...) Edouard Fritch a annoncé qu’on allait la baisser et non la supprimer, on veut la baisser de 0,5% car la préoccupation est d’aider la caisse de la PSG." La candidate du Tapura reconnaît néanmoins que des choses sont encore à améliorer, comme revoir le système de la PSG qui doit continuer à vivre, et booster l’activité économique.
De son côté, Tematai Legayic prône pour une fiscalité plus juste. L'idée notamment est de remplacer la TVA par une réforme fiscale de la CST avec un déplafonnement par exemple pour les plus hauts salaires, soit au delà de 2 millions de Fcfp. "On doit aussi augmenter les tranches de la classe moyenne, une classe qui n’est pas assez pauvre pour être soutenue et pas assez riche pour bien vivre. Ensuite, et c'est peut-être là où on se rejoint avec Tapura, c’est la dette de l’Etat à la CPS. Le gouvernement Fritch souhaite que l'État rembourse 15 milliards, nous on table plutôt sur 100 milliards calculés par le conseil d’administration de la CPS."
Moins de dépenses et plus de contrôles
La vie chère est aussi au coeur du débat. Comment lutter contre ? Quelles solutions à court et long terme ? Le candidat du Tavini, et jeune député à l'Assemblée nationale, estime qu'il faut déjà commencer par faire attention aux dépenses publiques. "Il faut que les Polynésiens aient plus accès aux différentes dépenses de l’état maohi. Nous pensons que nous devons réduire, ce n’est pas raisonnable de payer le directeur de cabinet de la présidence de la Polynésie française à deux millions de Fcfp". A l'inverse de A Here ia Porinetia, "il ne faut pas réduire le nombre d’élus à l’assemblée mais leur demander plus de productivité, après c’est surtout dans administration que les Polynésiens doivent avoir accès aux dépenses. On pense aussi qu'il faut plus de contrôleurs des affaires économiques". Le candidat propose notamment plus de contrôles sur les marges que font les magasins "pour que les Polynésiens puissent sentir cet effet de justice sociale…".
La candidate du Tapura abonde dans le même sens et rappelle d'ailleurs que le gouvernement a procédé à plusieurs contrôles : 18 enseignes ont été verbalisées. "Il faut aussi informer plus la population pour qu'il y ait plus d'auto-contrôle par exemple dans les îles.", ajoute la maire d'Arue.
Autonomie ou souveraineté alimentaire ?
Autre moyens de lutter contre la vie chère ? "80% de nos produits sont importés, rappelle Teura Iriti, il faut donc développer nos propres ressources, et nous en avons. Nous avons déjà investi deux milliards de Fcfp au niveau de la mer et 4,5 milliards de Fcfp pour l'agriculture. Nous devons continuer, il faut accompagner toutes nos ressources pour être moins dépendant de l’extérieur. Et que peut faire la population ? Il faut revoir nos besoins, nos modes de vie, ce qu’on va acheter et consommer…". En clair : aller vers une autonomie alimentaire et une meilleure responsabilité individuelle.
Tematai Legayic défend de son côté une souveraineté alimentaire. "On veut soutenir l'économie locale en ayant des conventions par exemple avec des agriculteurs pour que les produits locaux soient envoyés aux familles qui en ont le plus besoin (...) Il faut augmenter la production locale que ce soit dans le secteur de la mer comme de la terre, et la production de tout ce qui est agro-alimentataire".