Vêtu d'un bermuda et d'un teeshirt, l'artisan bijoutier-joaillier est en train de vider ses vitrines. Des mannequins et des cartons jonchent le sol de la bijouterie ouverte il y a 23 ans sur le front de mer du Fare Tony. Frédéric Missir va s'installer au-dessus de sa boutique où se trouve son atelier dans lequel une pièce est en cours d'aménagement pour être transformée en showroom. Le sexagénaire a annoncé la fermeture de son commerce dans une publication sur Facebook. Il s'agit de la vente de sa boutique, une opportunité qu'il a saisie "après 40 années de bons et loyaux services ,au service de notre joyau local, la perle de Tahiti" a posté ce passionné de la Polynésie.
C'est un homme d'une grande discrétion que nous avons rencontré alors que sa notoriété a traversé le Pacifique. Arrivé en Polynésie en 1983, Frédéric Missir a travaillé pour l’Office diamantaire du Pacifique et créé les ateliers Tahiti Perles de Robert Wan. Sa passion l'a conduit à Bora-Bora, Tikehau, Rangiroa jusqu'à Beverly Hills à Los Angeles avant de revenir définitivement sur le territoire.
Après une première boutique au quartier du Commerce en 1987, puis au centre Vaima pendant onze ans, années durant lesquelles les ventes de sa bijouterie avaient explosé et enfin au Fare Tony depuis 2000, la passion de Frédéric Missir n'a pas pris une ride, de nouvelles collections sortent chaque année, des pièces prisées par les femmes car uniques.
" À Noël, cela fera 36 ans de passion que je livre pour essayer de donner une vraie valeur ajoutée à la perle mais ce n’est pas fini, je recrée un espace dans mon atelier que j'ai diminué en surface, je vais créer non pas une boutique mais plutôt un showroom puisque c'est moi qui vais recevoir la clientèle avec beaucoup de bonheur en sachant que l'atelier sera sur place.
L'histoire continue mais autrement
"J'ai eu l'opportunité de vendre le magasin du bas donc moins de stress, peut-être plus de temps pour faire plus de créations, je serai le seul employé, je divise mes charges par cinq donc ça change la vie, il faut être réaliste et puis je garde mon environnement d'atelier dans lequel je suis depuis 23 ans et je suis prêt à continuer pendant quelques années" nous a confié Frédéric Missir. Diplômé en joaillerie de l'école du Louvre, il a côtoyé les meilleurs, Bulgari, Poiray, Van Cleef notamment "J'ai appris avec des personnes qui nous apprennent l'éthique du métier, l'honnêteté, de rester créatif mais que cela vienne de notre propre passion et pas celle des autres".
Il se passe des choses extraordinaires dans la bijouterie en Polynésie
"Je trouve que cela a beaucoup évolué. Quand je suis arrivé en 1983, je travaillais beaucoup avec la nacre avec Bulgari et la Maison Poiray, les seuls motifs de nacre que l'on pouvait trouver à l'époque, c'était au marché de Papeete, les grosses fleurs de nacres taillées succinctement et au niveau de la créativité, il n'y avait pas grand-chose et aujourd'hui il se passe des choses extraordinaires, donc bravo aux nouveaux venus, bravo à ceux qui travaillent la nacre, bravo à plein de gens qui font en sorte que le monde de la bijouterie, de la joaillerie évolue en Polynésie, c'est important, il faut savoir le reconnaître".
Frédéric Missir est également passionné de vaa, un sport qu'il pratique à midi depuis 12 ans, un partage avec plusieurs ethnies qui se mélangent et issus de tous les métiers dira-t-il, le joaillier s'est aussi lancé en musique avec le Big Band de Jazz du Conservatoire artistique de la Polynésie Française. L'homme qui prend autant de plaisir à voir quelqu'un admirer ces créations sans en acheter est ému par les commentaires chaleureux des internautes après l'annonce de la fermeture définitive de sa boutique.