Aborder une question grave par le biais du rire et de la participation, c'est tout le challenge de Tao et Tiaporo. Cette année, le duo de marionnettes aborde le problème du harcèlement scolaire. Et entre 6 et 12 ans, les élèves ont bien saisi l'enjeu. "Ce sont des personnes qui ne sont pas gentilles, qui disent des choses pas gentilles" décrit Heimiri, 10 ans. "En lui demandant de l'argent, en le tapant" ajoute Gabriel, 9 ans. Meihiti, 11 ans en est témoin. "On insulte les autres, il y en a qui forcent à faire d'autres choses" lance-t-elle. Maea, 9 ans, sait qu'il faut "aller voir un adulte, il faut en parler".
Dans le spectacle, tout est évoqué : les insultes, le racket, le harcèlement et même le droit à l'image à l'heure des réseaux sociaux. Arcèle demande 200 xpf tous les matins à Tiaporo, sans quoi il postera des photos détournées de lui sur Tik Tok. Tiaporo a honte et n'ose pas en parler. Il a aussi peur de Arcèle qui fait de la boxe avec son frère. Il finit par s'isoler et ne plus avoir envie d'aller à l'école. C'est sans compter sur son ami Tao qui remarque sa tristesse, décide d'en parler aux copains et au professeur : à plusieurs, on est plus fort. "Il y a de plus en plus de copains qui ont des problèmes à l'école. Avant, c'était au collège que ça commençait, mais maintenant ça commence même à l'école primaire et nous, on n'a pas envie, on aimerait que tous les copains s'entendent bien" confie Tao, l'ami marionnette de Tiaporo.
Le harcèlement commence de plus en plus jeune
On ne peut pas poster d'images d'autrui sans son consentement sur les réseaux, d'autant que le téléphone est interdit à l'école. Se moquer de quelqu'un en raison de sa différence, c'est une forme de violence. Autant de messages passés grâce au spectacle. Le duo de marionnettes, mené par Véronique Labbé et Thierry Trauch, sillonne depuis 19 ans les écoles de Tahiti et véhicule des messages citoyens avec, toujours, le tri des déchets en trame de fond. "Il existe des situations de harcèlement ou des situations qui nécessitent un éclairage. Et faire la différence entre une situation de harcèlement ou une situation de conflit différente. Or aujourd'hui, force est de constater qu'il y a quand même des situations de harcèlement même chez les plus petits" s'inquiète Heifara Martin, directrice de l'école Saint Michel.
Grâce aux sponsors, Tao et Tiaporo proposent tous les ans des spectacles entièrement gratuits, chaque jour, dans les 64 écoles de Tahiti.