Hier, devant le tribunal correctionnel de Papeete, 9 prévenus ont comparu pour trafic de stupéfiants entre Huahine et Tahiti. La vente a rapporté 30 millions de francs mais 20 millions de francs d'avoirs criminels ont été saisis.
Echaudés par une condamnation dans une affaire de trafic d’ice, des parents craignants de voir leur fille être impliquée dans un réseau de stupéfiants, décident de contacter la Gendarmerie. C’est ainsi que quelques mois plus tard 40 kilos de cannabis sont saisis par les enquêteurs. Dans ce réseau, chacun avait son rôle. Il y a d’abord les trois planteurs qui produisent et conditionnent à Huahine le paka. Plus de 2 500 boîtes d’allumettes de cannabis.
Vient ensuite l’intermédiaire, celui que le président du tribunal correctionnel surnomme, " la coopérative agricole de Huahine ". Il récupère la production pour l’envoyer sur Tahiti par cartons. Il fait appel à un matelot chargé de remettre les colis à un couple, en échange d’enveloppes remplies de plusieurs millions de francs. Le marin ramenait l'argent à Huahine et l’intermédiaire répartissait les billets entre les trois producteurs de lîle.
Le couple basé à Tahiti est accusé d’avoir monté le business de trafic d’herbes. Lorsque le président du tribunal correctionnel l'interroge sur sa motivation, les versions divergent. La femme parle d’investissement dans une activité de restauration. Et le mari exprime son souhait d'installer sa famille en Bretagne. Car selon ce Polynésien, " les tahitiens sont trop stressants ".
Quant aux trois planteurs, ils évoquent des difficultés pour subvenir aux besoins de leur petite famille. « C’est nul comme activité, ça ne vous a rien rapporté à part de gros ennuis », leur fait alors remarquer le président du tribunal correctionnel. Pour le procureur, l’intermédiaire a joué un rôle central. Il est selon le magistrat, " la pierre angulaire " de ce réseau, celui qui a fait la connexion entre Huahine et Tahiti. Mais pendant l'audience, le prévenu a minimisé son implication.
La saisie des avoirs criminels s'élève à plus de 20 millions de francs
Dans ce dossier également, un second couple qui achète une voiture pour le boss présumé du trafic. La jeune fille, qui a été relaxée au bénéfice du doute, a nié savoir qu'elle participait ainsi au blanchiment de l'argent du trafic, elle aurait juste rendu service à sa compagnon. Ce sont d'ailleurs ses parents qui ont dénoncé les faits. Le procureur avait requis des peines allant de 18 mois de prison avec sursis à 5 ans d’emprisonnement, et des amendes. Le tribunal correctionnel a finalement condamné 8 des 9 prévenus à des peines allant d'un an à 4 ans ferme.
Dans cette importante affaire de paka, 40 kg de cannabis séchés, deux véhicules, des téléviseurs, des téléphones, un bateau et 9,5 millions de francs ont été saisis par les enquêteurs. Soit un montant total des avoirs criminels de plus de 20 millions de francs. Le trafic entre Huahine et Tahiti aurait généré entre 20 et 30 millions de francs. Dans son réquisitoire, le ministère public a indiqué que la Polynésie française était à la pointe de la production de cannabis. Elle représente un tiers de l’ensemble des plants saisis sur le territoire national français.