Six prévenus sont à la barre du tribunal correctionnel, depuis ce lundi 9 octobre. Mais les mis en cause dans cette affaire sont en réalité sept, le dernier est une mineure qui sera jugée ultérieurement par le tribunal pour enfants.
Les adultes ont tenté d’expliquer aux magistrats les raisons pour lesquelles ils ont participé à deux trafics de méthamphétamine dont l'un en provenance de Bora Bora. Et rien de bien original à la barre du tribunal correctionnel, l'appât du gain reste l'une des principales motivations. La plupart des prévenus ont des revenus modestes, ils sont maçons ou encore sans emploi. Trois sont en état de récidive.
De l'ice qui vient de Bora Bora
En août 2022, Poutoru, peu discret, revient de Bora Bora, bracelet électronique aux chevilles, chemise orange avec son nom écrit dessus. Les douaniers de l'aéroport de Faa'a le trouvent nerveux et le contrôlent. Dans son test urinaire apparaîtront des traces de cannabis. Un examen plus poussé est réalisé au centre hospitalier où la radio révèle qu'il a deux boudins in corpore. Deux autres seront expulsés pendant qu'il est dans la salle d'attente. 35 grammes seront alors saisis.
" Pourquoi avez-vous inséré le boudin dans votre corps en sachant les risques ? " demande le président du tribunal correctionnel. " J’ai l’habitude monsieur, c’était mon boulot en 2017 ! " répond le prévenu.
Quand les enquêteurs fouillent le téléphone de Poutoru, ils découvrent plusieurs échanges avec Antoine, un complice. Il s'avère que ce dernier était sur le même vol qu'Amaru, en provenance de la Perle du pacifique, mais il a échappé à la surveillance des douaniers. Antoine a également transporté des boudins de drogue in corpore, drogue qu'il a ensuite écoulée.
Des trafics qui se poursuivent depuis la prison
Si Poutoru et Antoine âgés d'une trentaine d'années apparaissent comme les commanditaires de l'importation de Bora Bora. La plupart des prévenus ont estimé que Murphy Tchen, bien connu dans le milieu du trafic de stupéfiants, en détention, était le vrai boss de ce dossier. Une accusation que réfute l'intéressé. " C’est trop facile de dire que c’est ma drogue, je n’ai rien à voir dans cette histoire " s'est défendu le prévenu.
Quelques mois après l'arrestation d'Amaru, Antoine se serait servi de l'argent de cette importation depuis Bora Bora, pour en financer une seconde depuis les Etats-Unis. C'est sa petite amie, une mineure, qui servira de mule. Sur les conseils d'un autre prévenu, Christian, connu dans l'affaire Sarah nui, elle conditionne l'ice et place les boudins à l'intérieur de son corps. Elle sera arrêtée à l'aéroport avec 95 grammes d'ice. Antoine qui l'attendait à son arrivée a aussi été interpellé.
L'organisation des trafic continue depuis les murs de la prison. Les différents protagonistes arrivaient à passer des messages à leurs complices à l’extérieur pour livrer la marchandise aux clients et récupérer l’argent.
Depuis sa cellule, Poutoru se servira de sa compagne. Elle était chargée d'aller chercher l'argent et de livrer la drogue avec Antoine. Ce dernier, également en récidive a fait appel à sa mère pour le trafic d'ice. " Pourquoi vous donnez de l’argent à votre mère ? " lui demande le président du tribunal. " J’ai confiance en elle, elle ne me pose pas de question " répond Antoine. Une mère consommatrice de paka qui lui donnait un coup de main, en achetant des puces téléphoniques à son nom, qu'elle lui faisait livrer en prison.
Des peines de prison ferme et des amendes douanières requises
Le procureur a requis contre les six prévenus des peines allant de 1 an à 8 ans de prison ferme. Et comme bien souvent dans ces dossiers, il a demandé la confiscation des biens saisis.
Deux amendes douanières ont également été requises, l'une d'un peu plus de 18 millions de francs contre de Poutoru et la seconde, une amende solidaire pour trois autres prévenus d'un montant de 33 250 000 francs.