Victimes d'une bactérie, de moins en moins de crevettes dans les assiettes

Ce sont peut-être les dernières. Si aucune solution n'est trouvée pour les sauver, il n'y en aura plus jusqu'en octobre.
Difficile, voire impossible de trouver des crevettes locales en ce moment dans les restaurants ou les commerces. Les 4 producteurs de la Polynésie peinent à fournir le marché. La faute à un problème sanitaire au sein de l’élevage. Mais les experts n’ont toujours pas identifié la cause et dans les fermes, l’inquiétude grandit.

Déguster des crevettes locales dans un restaurant est un privilège. Car depuis un mois et demi il n’y en a plus du tout. Alors, certains ont trouvé la parade. 

"On essaie de faire de notre mieux pour pouvoir apporter du bonheur dans les assiettes de nos clients, en les avertissant que les crevettes locales ne sont plus d'actualité. Du coup, on leur propose des crevettes importées", avertit Junior Teuira, le serveur d'un restaurant.

Celles-ci sont importées et ont déjà un goût de "pas assez" !

Et impossible de savoir combien de temps cette pénurie va encore durer.
Dans sa ferme à Teahupoo, Teva Siu, principal producteur du fenua, ramasse ses derniers crustacés pour la fête des mères. Mais il est très inquiet. En effet, 17 de ses 22 bassins sont fermés et il a déjà perdu 80 millions cfp de chiffres d’affaires. "En 2021, j'ai produit 145 tonnes sur les 163 tonnes au total dans le pays. Cette année, c'est déjà 30% en moins, ca va être catastrophique si la prochaine production n'arrive toujours pas. Ces bassins en production vont encore tenir 1 mois, et après ça je n'aurai plus de crevettes jusqu'en octobre", explique Teva Siu.

Mortalité soudaine

Une situation alarmante que la filière crevette n’a pas connue depuis 30 ans. L’écloserie met tout en œuvre pour comprendre cette mortalité soudaine des larves depuis le début de l’année. Une hypothèse se détache. "Il y aurait une bactérie qui ne posait pas souci auparavant, mais qui aujourd'hui arrive à passer toutes les barrières mises en place au fil des années dans nos protocoles. La difficulté est de savoir par où elle passe, donc on renforce toutes nos mesures de protection sanitaire au niveau de l'écloserie. Que ce soit au niveau du contrôle des intrants, de toutes les procédures de désinfection etc.", détaille Benoît Le Maréchal, directeur de la coopérative des aquaculteurs de la Polynésie française.

Un filet encore plein, mais jusqu'à quand ?


Les spécialistes de la Direction des ressources marines travaillent avec des experts australiens pour trouver des solutions. Comme les producteurs, ils comptent aussi sur le soutien financier du Pays. Car aujourd’hui, une trentaine d’emplois sont menacés.