Vie chère : incendies, pillages... Fortes tensions en Martinique

L'avenue Maurice Bishop en feu, une fois de plus.
Un McDonald's incendié, des barricades enflammées, un hypermarché envahi : les tensions restaient vives en Martinique où la nuit du mardi 17 septembre au mercredi 18 septembre a de nouveau été émaillée de violences, dans un contexte de mobilisation contre la vie chère.

Depuis plusieurs nuits, des violences urbaines secouent certains quartiers de Fort-de-France, chef-lieu de cette île des Antilles françaises peuplée d'environ 350 000 habitants. Dans la nuit de mardi à mercredi, un McDonald's du quartier Dillon a été incendié. "Je suis dévastée", a déclaré à Tania Jean-Louis, la directrice du fast-food à nos confrères de Martinique La 1ère

"Le restaurant n'est pas utilisable. Il faudra le détruire pour le reconstruire", se désole-t-elle. Les employés, eux, sont au chômage technique. Dans ce même quartier, un hypermarché Carrefour a été "envahi par une cinquantaine d'individus qui ont monté une barricade sur le parking et ont tenté de l'incendier", ont indiqué à l'AFP les autorités. Prenant la fuite à scooter au moment de la dispersion par les forces de l'ordre, un homme est tombé, se blessant légèrement. Il a été interpellé.

Prix alimentaires 40% plus élevés

Ces tensions s'inscrivent dans un contexte de mouvement de contestation contre la vie chère démarré début septembre. En Martinique, d'après une étude de l'Insee en 2022, les prix alimentaires étaient 40% plus élevés que dans l'Hexagone. 

Selon les autorités, "quelques barricades" ont été érigées dans la nuit de mardi à mercredi. À Ducos, commune située au sud-est de Fort-de-France, "il y a eu des barricades enflammées sur la N8 avec des jets de projectiles en direction des forces de l'ordre", selon les autorités, qui rapportent un retour au calme et des "barricades enlevées" à 4h du matin.

Une cause noble mais une méthode décriée

Sur des images nocturnes relayées par nos confrères de Martinique La 1ère, des poubelles et quelques véhicules sont en proie aux flammes. Un feu s'est déclenché à proximité de l'église Sainte-Thérès. "La cause est noble, mais la méthode, ce que nous sommes en train de vivre là, discrédite le mouvement", a dénoncé mercredi sur franceinfo Rosette Jean-Louis, présidente du conseil citoyen du quartier populaire Sainte-Thérèse, l'un des plus touchés par les violences.

Aucun blessé n'a été signalé du côté des forces de l'ordre dans la nuit de mardi à mercredi, ont précisé les autorités. La veille, six policiers avaient été blessés par des tirs de plomb à Fort-de-France. Un escadron de gendarmes, soit une centaine de militaires, a été envoyé en renfort.

Dans la nuit de vendredi à samedi, deux personnes ont ouvert le feu sur la façade du commissariat de Fort-de-France, sans faire de blessé. "Cette stratégie du chaos ne peut aboutir à aucune issue positive", a prévenu la préfecture. Le Grand port maritime de Martinique, par lequel transitent 98% des marchandises qui entrent ou sortent de ce territoire ultramarin, est lui aussi visé par le mouvement de contestation.

"Injonctions"

"On a lancé des injonctions depuis le mois de juillet, le 1er juillet précisément, envers la grande distribution en leur demandant d'aligner leurs prix à la France hexagonale", a déclaré à l'AFPTV Rodrigue Petitot, dirigeant du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC).

"Nous sommes Français, nous avons les mêmes cartes d'identité, les mêmes amendes, les mêmes taxes si ce n'est plus de taxes, on ne comprend pas pourquoi au sujet de l'alimentaire précisément on ne pourrait pas avoir les mêmes prix"

Rodrigue Petitot - dirigeant du RPPRAC

Invités jeudi dernier à une table ronde en préfecture avec l'ensemble des acteurs de la grande distribution et les institutions, les représentants du RPPRAC avaient quitté les négociations au bout de cinq minutes face au refus du préfet de retransmettre les échanges en direct sur les réseaux sociaux.

L'État, les distributeurs et les collectivités ont pour objectif une "baisse de 20% en moyenne du prix" de 2 500 produits de première nécessité. Pour lutter contre la vie chère, la Collectivité territoriale de Martinique s'est elle prononcée en faveur d'une suppression des taux d'octroi de mer, la taxe spécifique aux départements d'Outre-mer s'appliquant aux biens importés, sur plusieurs centaines de produits.