Azerbaïdjan : "La Polynésie ne sera pas le Groenland du Pacifique" déclare le Tavini, en réponse à ses détracteurs

Archives / Conférence de presse du Tavini Huira'atira le 7 mai 2024
Dans une publication postée sur sa page Facebook jeudi 30 janvier, le parti indépendantiste répond à la prise de position de Tematai Legayic, sur son alliance avec le Groupe d'initiative de Bakou et le Front international de décolonisation, qu'il qualifie de cohérente. Le Tavini Huira'atira estime en revanche, que la résolution signée le député, Moerani Frébault, dénonçant l'"ingérence" de l'Azerbaïdjan, n'intéresse personne en Métropole.

"L’exemple du Groenland est un avertissement : un territoire autonome, riche en ressources, mais qui n’a pas les moyens réels de son indépendance." Le parti indépendantiste polynésien revient sur cette annonce du président Donald Trump, qui a refusé, le 7 janvier dernier, d'écarter une éventuelle annexion par la force, du Groenland. Un territoire colonisé par le Danemark et autonome depuis 1979.

"La Polynésie ne sera pas le Groenland du Pacifique" assène le Tavini Huira'atira, en titre de sa tribune. Il argumente : "Washington ne se gêne pas pour le menacer, et personne ne bouge. Pourquoi ? Parce que dans ce monde, les territoires sans puissance propre ne comptent pas. Ceux qui refusent de voir cette réalité, par idéalisme ou par confort intellectuel, prennent le risque de condamner le fenua à subir le même sort."

Tematai Legayic contre l'alliance avec l'Azerbaïdjan : "une position cohérente"

Le 28 janvier dernier, l'ex député Tematai Legayic s'est opposé, dans une tribune, aux relations de son parti avec l'Azerbaïdjan, les qualifiant de "contre-nature".

Une "position respectable" et fidèle "aux valeurs progressistes" selon le Tavini Huira'atira, qui estime que Tematai Legayic "refuse que notre combat pour l’indépendance soit associé à des régimes autoritaires, qui ne partagent ni notre histoire ni nos principes. C’est une position cohérente, car nous avons toujours défendu un modèle démocratique, juste et inclusif pour notre avenir."

Le parti bleu ciel défend ses relations avec l'Azerbaïdjan en justifiant qu'"il y a la nécessité d’exister sur l’échiquier mondial. Si nous attendons que Paris, Bruxelles ou Washington valident notre combat, nous risquons d’attendre longtemps. Refuser toute alliance par crainte d’être critiqué, c’est rester enchaîné aux bonnes grâces de ceux qui ont tout intérêt à nous garder sous leur coupe."

Une résolution sur l'ingérence qui n'intéresse personne ? 

"Avec mon groupe politique et d'autres députés, on a cosigné, avec 95 députés, une résolution européenne, avec des mesures diplomatiques fortes pour condamner cette ingérence" déclarait Moerani Frébault, député de la première circonscription, le 28 janvier dernier, dans notre émission l'Invité Café.

Une résolution dénonçant l'ingérence de l'Azerbaïdjan dans le Pacifique, que le Tavini qualifie d'"opportunisme sans aucune vision." Le parti poursuit sa diatribe : "le plus frappant dans cette résolution, ce n’est pas son contenu, c’est l’indifférence générale qui l’entoure. 91 députés sur 577, cela fait à peine 15 % des élus de l’Assemblée nationale. Un texte qui nous est pourtant présenté par le jeune député, comme essentiel pour la "souveraineté et l’intégrité de la République"… mais qui au fond n’intéresse presque personne en métropole."

Le député, élu en 2024, Moerani Frébault, est qualifié par le Tavini de "bon exécutant" qui "joue son rôle sans sourciller" et "se donne des airs de grand défenseur de la République, alors qu’il sait très bien que cette résolution ne changera rien."

Le parti indépendantiste tacle ouvertement le député en écrivant qu'"il ne fait que suivre le mouvement d’un groupe parlementaire qui cherche à plaire à l’exécutif, sans jamais poser la vraie question : Pourquoi la Polynésie ne pourrait-elle pas, comme tous les États souverains, construire ses alliances librement ?"

Il y a moins d'une semaine, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, dénonçait les "opérations d'ingérence et de déstabilisation" de l'Azerbaïdjan dans les territoires ultramarins. Des propos tenus dans le cadre de la création du "Front international de décolonisation" en Nouvelle-Calédonie sous l'égide de Bakou, une organisation promue par l'Azerbaïdjan, et dont le Tavini Huira'atira fait partie.