Il a l’air d’un enfant comme les autres, mais Kyan souffre d’allergie alimentaire. Il doit éviter à tout prix les arachides. Sauf qu’à 6 ans, pas facile de se souvenir de tout ce qu’il faut faire surtout quand l’estomac crie famine. C’était en début d’année, il a dû faire un passage aux urgences à cause de gonflements et de rougeurs. "J'avais terminé mon goûter et quand je suis rentré du judo, j'avais trop faim. J'ai pris dans le bac, et j'ai mangé un petit bout. Mais après, quand j'ai eu mal au ventre, j'ai le pain avec le S....y dans la poubelle", dit le jeune Kyan.
Voilà plus de quatre ans que ses parents surveillent son alimentation. Alors, depuis sa scolarisation, il n’a jamais pu manger les repas de la cantine. " À la cantine on ne peut pas nous garantir qu'il n'y aura pas en fait cet allergène dans l'alimentation, du coup avec la direction de l'école on a décidé de maintenir son bento tous les jours ", souligne Laiana Chonfont, maman de Kyan.
Avec les autres mais à part
Aujourd’hui, Kyan mange avec ses camarades, mais seulement les plats préparés de ses parents. Ils sont réchauffés au four à micro-ondes par une personne spécialement dédiée. " Dans un premier temps, les parents, la famille, ont apporté le repas à l'école, venaient le récupérer pour le faire manger à l'extérieur. Très rapidement, à l'école, on s'est dit qu'il fallait mettre en place quelque chose parce que Kyan avait besoin de rester avec ses camarades à midi", remarque Hereana Le Mouchon, directrice de l’école primaire " La Mission ".
Et il n’est pas le seul à apporter sa « lunch box » comme on dit, huit autres élèves ont des allergies. Et 40 autres ont suivi cette tendance, car préférant les plats de papa et maman.
Les personnes allergiques semblent être de plus en plus nombreuses. Les plans d’accueil individualisé, pour éviter les crises allergiques à l’école, ont été multipliés par trois en deux ans.
C’est le constat d'une allergologue. Selon elle, pour lutter contre les allergies, il faut tenter d’ingérer les aliments qui ont causé la crise, à petites dose au début, et seulement si cette dernière n’a pas été grave. Il faut combattre le mal par le mal. " On met en route des prises en charge, on essaie d'induire une tolérance en donnant à l'enfant et peu à peu, l'aliment sous des formes peu importantes au départ et progressivement croissantes. Ce qui leur permet, si un jour l'aliment est caché dans une préparation de ne pas faire de réaction grave", précise Marie-Paule De Barthez, pédiatre et allergologue.
Combattre le mal par le mal
Kyan était également allergique à tous types de poisson et au blanc d’œuf cru. Mais aujourd’hui, grâce à cette méthode, c’est terminé. " Maintenant il peut consommer du poisson, et des oeufs. On nous recommande justement de lui donner ces aliments-là. Par contre, c'est strictement interdit de lui donner des cacahuètes ", reconnaît Ronald Chonfont, papa de Kyan.
Ne pas combattre le mal par le mal pourrait faire empirer l’allergie. Mais il faut le faire avec l’accord de son médecin et si cela est possible. Kyan doit toujours éviter les arachides.
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Le reportage de Nicolas Suire :