Weena Maruae est une jeune étudiante en 2ème année de licence de droit et sciences politiques, à l'UPF. Elle souffre du syndrome de Little, une incapacité motrice au niveau des jambes. "Quand j'étais petite et en âge de comprendre que j'étais différente des autres, que je ne pouvais pas marcher, j'ai eu beaucoup de mal à accepter ma situation", admet la jeune femme, aujourd'hui âgée de 19 ans.
Si elle a réussi à changer son regard sur elle, c'est grâce à sa famille et ses parents faamu. "Grâce à l'éducation que j'ai eu, aujourd'hui je ne vois plus mon handicap comme un frein, je le vis très bien. Mon handicap me définit mais ne me freine pas".
Cette étudiante s'est faite accompagnée tout au long de sa scolarité mais elle a aussi subi des moqueries qui l'ont affectée, bouleversée, attristée. "Je n'arrivais pas à accepter que ces enfants me voyaient comme quelqu'un de bizarre. Mais dès que j'ai eu le courage d'en parler à ma maman faamu, elle m'a tout de suite rassurée, elle me voyait comme son bébé et était fière de moi ! Aujourd'hui, c'est tout ce qui compte pour moi"
"Ces étapes concernent aussi les personnes qui accompagnent la personne handicapée. Elle doit prendre conscience que si elle a les moyens de continuer, la personne non valide aussi. C'est vraiment un travail d'équipe. Face au handicap, on n'est jamais seule"
La jeune femme a subi deux grosses interventions en Métropole, à l'âge seulement de 8 ans puis à 14 ans. Deux opérations pour lesquelles sa mère biologique et sa maman faamu l'ont accompagnée. "Ce soutien, cet amour m'ont aidée à surmonter la distance. Ils m'ont permis d'avancer et d'être là où j'en suis aujourd'hui", confie Weena, qui avoue avoir longtemps été envieuse des autres, des valides. Il lui a fallu du temps pour accepter. "Je me suis rendue compte qu'il fallait que je m'attarde non pas sur ce que j'ai pas mais ce que j'ai. Et ce que j'ai est ce soutien, ma famille."
Weena refuse de rêver sa vie, elle choisit de vivre avec. Elle a appris à se débrouiller. A l'université, elle n'est plus accompagnée d'une assistante de vie scolaire, mais elle peut compter sur ses amis et ses voisins. Optimiste de nature et pleine d'espoir, elle interviendra lors du colloque qui s'ouvre, ce lundi matin, à l'université. Elle témoignera sur son quotidien et parlera des difficultés qu'elle rencontre. Le colloque dure 5 jours et a pour thème " Mettre le CAP vers une société polynésienne inclusive ".
Aujourd'hui, la jeune femme a un message : le handicap n'est pas un frein, ni une fin en soi, il s'agit simplement d'une question de perception. La personne atteinte du handicap devra accepter son handicap, même si parfois on le rejette. "Ces étapes concernent aussi les personnes qui accompagnent la personne handicapée. Elle doit prendre conscience que si elle a les moyens de continuer, la personne non valide aussi. C'est vraiment un travail d'équipe. Face au handicap, on n'est jamais seule", explique Weena qui veut être un symbole d'espoir et de courage.