Quels enseignements tirer du 1er tour ?

Le second tour des élections municipales au fenua aura lieu le 28 juin dans les 26 communes où le scrutin du 15 mars n’a pas été décisif. Quels ont été les enseignements politiques et surtout sociétaux à tirer du 1er tour et de l’entre deux tours ? Analyse. 
L’abstention au 1er tour a principalement touché les sept grosses communes de l’agglomération de Papeete, où elle est en repli de 10 points voire plus à Faa’a et Pirae. Seule exception : Mahina où le taux de participation baisse de 5 points. La peur du coronavirus peut-elle expliquer à elle seule, cette démobilisation des électeurs ? Il y a de quoi s'interroger car la participation est en retrait continu depuis 2007 dans ces grosses communes. 

Existe-t'il alors une absence d’adhésion suffisante des électeurs aux projets des candidats ou de perception des différences entre les différents programmes des différents candidats? Ou une perte de confiance dans le politique ? Le second tour devrait apporter des réponses.

La crise de vocation des tavana n’existe pas en Polynésie française contrairement à la Métropole. Dans l’hexagone, selon l’association des maires de France, 27% des maires sortants ne se sont pas représentés. Ce qui n’est pas le cas au fenua, ils sont tous au rendez-vous ! Seul point commun avec l’hexagone et le reste de l’Outre-mer : une forte majorité d’hommes et des élus plutôt "vieillissants". Les benjamins des maires en France et en Polynésie ont tous deux 28 ans. En Métropole, il s'agit d'un jeune élu de Haute-Savoie ; au fenua, c’est François Pere Takamoana réélu maire délégué de Amanu pour la troisième fois consécutive.
 

Changement de mentalité dans le monde politique


Enfin, deux femmes auront marqué ce 1er tour : Yseult Butcher à Hao et Joëlle Frébault à Hiva Oa, qui ont "sorti" les maires sortants. Joëlle Frébault est aujourd’hui la première femme Hakaiki de la Terre des Hommes. Autre constat : peu de listes Amuitaahiraa en lice comme le souhaitait Gaston Flosse. Elles étaient 10 au 1er tour, représentant 7% du total des listes. Fait nouveau en revanche : une multiplication de listes mixtes mi-parti politique, mi-société civile et de listes citoyennes qui sortent de la logique des appareils politiques. Là aussi on peut s’interroger : est-on dans le calcul électoral ou dans l’émergence d’une nouvelle forme de démocratie participative ?

Enfin, les fusions en vue du second tour, n’ont pas vraiment fait recette. Parmi les arguments entendus : "On n’a pas envie de s’allier uniquement  que pour des places ou pour le pouvoir", "Pas du genre à sauter de gauche à droite, on préfère garder nos convictions", ou encore "Pas de fusion si c’est pour se payer le chaos  
Des arguments qui attestent d’un véritable changement de mentalité dans le monde politique au fenua.