Interview
Qui est Sarah Roopina ?
Sarah Roopinia a fait couvrir des murs gris de notre capitale d’œuvres d’art dont la fraîcheur et les dessins parfois mystérieux, attirent le regard des passants. Elle a familiarisé notre univers quotidien avec le Street art, et par la même occasion, a connecté la Polynésie à la scène mondiale de l’art urbain. En créant le festival Ono’u, elle a montré ce qu’une toute jeune femme polynésienne pouvait réaliser à 24 ans.
Au cours de ses études, orientées vers les sciences politiques et les relations internationales, Sarah a séjourné dans plusieurs pays et découvert le Hip Hop, la Break dance et l’art urbain. 3 villes, Paris, New York et Berlin ont eu une influence sur sa vie et son imagination. Lui est alors venu le sentiment que la force culturelle de la Polynésie était méconnue à l’international. Et la volonté d’avoir un impact positif sur le développement touristique, culturel et économique du Pays.
Elle a réfléchi pendant deux ans à son projet si innovant : "Ono’u ou la rencontre des couleurs". Les Polynésiens ont été étonnés puis fiers de voir Papeete, puis Uturoa modernisées par le talent d’artistes de renommée internationale qui ont également stimulé les artistes locaux du Street art. Mais les éditions du festival Ono’u ont aussi eu un retentissement international. Elle a également ouvert un musée du Street art à Papeete à caractère pédagogique et touristique. La prouesse de Sarah et de son équipe a été de trouver des appuis de décideurs et de financiers. De grandes entreprises polynésiennes lui ont fait confiance, tout comme le ministère du tourisme, la ville de Papeete et son conseil municipal.
Si elle doit beaucoup dit-elle "à Jean, son co-pilote dans cette superbe aventure, à sa famille extraordinaire et au noyau d’amis proches qui l’ont soutenue et aidée pour concrétiser ce projet", sa ténacité et sa détermination y sont aussi pour beaucoup. La formation qu’elle a suivie dans de grandes écoles la rassure malgré des moments de doute. Face aux coups durs, il lui faut avoir une capacité de résilience pour rebondir car le mental doit suivre.
Avec le recul, Sarah estime que "la première année,être jeune et être une femme ont été des handicaps". Elle a eu l’impression qu’on aurait accordé plus de crédit à quelqu’un d’expérience et notamment à un homme. Il était difficile de bousculer l’ordre établi, de proposer un produit si nouveau sans soulever des critiques. "Heureusement le regard a changé après le succès local et international du premier festival", conclut-elle. De positif, elle retient les voyages, les rencontres artistiques et humaines qu’elle a pu réaliser pour établir les relations avec le monde et créer des passerelles entre la Polynésie et les grandes capitales mondiales. Construire son réseau d’artistes et de partenaires, convaincre les propriétaires des murs et les communes de contribuer à l’embellissement de leur ville à travers l’art, monter des expositions à l’étranger, ont été des expériences enrichissantes.
Pour l’avenir sa préoccupation est de parvenir à sécuriser le budget annuel du festival et pérenniser l’impact positif de ses actions artistiques et culturelles sur la population. Elle veut surprendre et innover et nous annonce une 5e édition en 2018 pleine de surprises pour étonner le public. C’est sa façon de montrer son attachement à son pays.