Seul le retour des visiteurs français et européens relancera le secteur touristique

Principale ressource propre, le tourisme s’essouffle face aux contraintes sanitaires liées à la pandémie. Frontières fermées, réduction des vols, quatorzaine et test pour les voyageurs. Résultat : le secteur est fragilisé et réclame la réouverture des frontières aussi avec l’Europe.

A la veille du long week-end de l’Ascension, le navire Aranui 5 s’apprête à larguer les amarres : direction les Tumaotu pour une mini-croisière destinée aux Polynésiens. Mais seulement une cabine sur 4 sera occupée.

De nombreuses chambres vont rester vides sur l'Aranui 5 durant sa prochaine mini-croisière.

 

L’ouverture aux voyageurs américains n’a pas changé la donne. La compagnie est en mode survie et attend le retour du marché européen.

En attendant, elle tente de se réinventer en proposant des mini-croisières, moins loin que les Marquises, durant les vacances scolaires. La dernière, c’était à Pâques. Sinon, le navire transporte exclusivement du fret vers les Marquises. « La situation est catastrophique, résume le président, Philippe Wong. Aussi catastrophique que l’année dernière, en 2020, en pleine crise sanitaire. Aujourd’hui, nous ne sommes plus en crise sanitaire, mais du fait que les frontières ne sont pas réouvertes complètement, l’activité a quasiment cessé. »

Pour l’heure, la compagnie évite les licenciements. Mais 30 CDD n’ont pas été renouvelés. Seul espoir : la réouverture du marché européen, avec des protocoles sanitaires plus souples. « Je ne comprends pourquoi un vacciné français serait considéré différemment d’un Américain. D’autant plus que ces personnes-là vont se faire tester trois fois avant d’arriver à leur chambre d’hôtel. »

Atteindre 70% d’immunité collective 

 

Même incompréhension du côté des hôteliers. Malgré la réouverture des frontières aux Etats-Unis, quelques établissements choisissent encore de ne pas ouvrir leurs portes, d’autres ouvrent à perte.

Cette semaine à Bora Bora, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a conditionné le retour des touristes européens à 70% d’immunité des Polynésiens. « 70%, c’est irréalisable, déplore Rose Richmond, membre du Conseil des Professionnels de l’Hôtellerie. Déjà, en France, ils n’arrivent à vacciner autant de monde. Atteindre 70% d’ici le mois de juin, c’est pas possible ! »

Le retour des touristes américains ne suffit pas à remplir les hôtels de Bora Bora.

 

Le Pays estime que près de 3 000 emplois ont disparu depuis l’année dernière et  20 000 autres sont fragilisés. Le secteur touristique paie le plus lourd tribu, malgré les aides du Pays et de l’Etat.

Dans 2 mois ?

 

Le ministre de la santé, Jacques Raynal, envisage d’atteindre l’immunité collective « d’ici deux mois ».

La Polynésie a rouvert ses frontières aux touristes américains le 1er mai, avec un protocole strict imposant plusieurs tests et une quarantaine de dix jours aux voyageurs non vaccinés.

L'épidémie de covid-19 est en net recul en Polynésie depuis le début de l'année. La collectivité déplore 141 morts, mais aucun depuis deux mois.

Regardez le reportage de Lucile Guichet-Tirao :