Une visite de routine des représentants de l'Etat sur l'atoll de Scilly a mis en lumière une situation totalement anarchique.
Atoll de Scilly : des conditions de travail contraires à la dignité humaine
C'était une simple visite de routine. Ce 1er juillet 2015, lorsque les représentants de l'Etat posent le pied sur Scilly, ils sont loin de se douter de la situation des habitants de l'atoll. Agents des douanes, gendarmes, médecin, inspecteur du travail, la mission conduite par l'administrateur des îles Sous-le-Vent, Christophe Lotigie, a pour but de réaffirmer la position de l'Etat. Leur constat est alarmant. Une source, interrogée par nos confrères de Radio 1, parle même d'esclavagisme moderne.
Une communauté totalement isolée
En effet, c'est en totale autarcie que la communauté d'une vingtaine de personnes vit sur l'atoll de Scilly depuis plusieurs années. Les agents de l'Etat ont ainsi découvert sur place une situation véritablement anarchique. Ils ont constaté que les habitants travaillaient le coprah et la perle dans des conditions précaires et en toute clandestinité. Des gens qui semblent vivre sous l'autorité du patriarche de l'île, René Taputu, absent lors de la visite.
Plus grave, une dizaine de mineurs vit au sein de cette communauté. Certains enfants nés sur place n'ont jamais été déclarés à l'état civil. Ils n'ont jamais été scolarisés. Interrogée par Radio 1, une source n'hésite pas à parler d'"esclavagisme moderne".
"On ne peut pas laisser passer de telles dérives"
Le maire de Maupiti, Woullingson Raufauore, présent lors de cette visite a été choqué par ce qu'il a vu. "Je n'utiliserai pas le terme d'esclavagisme moderne. Je préfère celui d'exploitation humaine parce qu'il y a des mineurs sur place. Des mineurs qui ont l'âge d'aller à l'école et qui ne vont pas à l'école. Je suis obligé de le dénoncer. On ne peut pas laisser de telles dérives se passer aujourd'hui".
Le 10 juillet, le patriarche de l'atoll, René Taputu, 59 ans, a été présenté devant un juge d'instruction. Selon la Dépêche de Tahiti, il a été mis en examen pour travail clandestin et conditions de travail et d'hébergement contraires à la dignité humaine. Devant les magistrats, il a déclaré qu'il estimait être victime des élus de Maupiti qui souhaitaient le voir quitter son atoll. Le parquet a demandé son placement en détention provisoire. Mais à l'issue de son audition, René Taputu a été placé sous contrôle judiciaire et libéré avec interdiction de se rendre sur l'île de Scilly. Il risque jusqu'à 5 ans de prison.