Tendance : la passion du potager

Le retour à la terre est en plein boom. Dans la zone urbaine de Tahiti, la population se remet à la culture. L’année Covid n’a fait qu’amplifier le phénomène. Organismes publics ou jardins particuliers : c’est un véritable engouement autour du jardin.

Les mains dans la terre et la nature au bout des doigts…Les femmes du quartier de Erima, à Arue, redécouvrent le jardinage. Concombres, pota, aubergines…Ici, elles apprennent à marier les plantes, à suivre les cycles lunaires, mais aussi à transformer les légumes récoltés. «Avec les tomates, on a fait de la sauce tomates», raconte Romia Maraetefau, habitante du quartier, où les riverains disposent de très peu de cour.

Le potager, tremplin social

 

Depuis octobre dernier, elles en sont déjà à leur 13e récolte. « J’étais très contente de ramener mes légumes à la maison et d’en faire profiter mes enfants, mon époux et ma famille, explique avec fierté Romia. Et quand on en a beaucoup, je partage aussi avec d’autres familles du quartier, comme moi, qui essaient de se débrouiller. »

Le contrat de ville vient d’installer le troisième jardin partagé sur la commune d’Arue. Avec la Covid-19, les ateliers animation de la maison de quartier ont été remplacés par les ateliers autonomie alimentaire. « Avec le confinement que l’on a eu pendant deux mois et ne presque plus rien avoir d’importé nous a fait réagir, détaille Teura Iriti, maire d’Arue. Nous sommes gâtés en Polynésie avec notre terre. Il y a aussi une formation et une continuité : ce n’est pas juste planter et récolter, mais aussi voir comment la terre peut continuer à être riche pour continuer à être exploitée. » Un objectif économique et social avant tout

Comme un retour à l’essentiel

 

Mais du côté des particuliers de la zone urbaine de Tahiti, c’est aussi un retour aux fondamentaux. Dans une pépinière de Punaauia, la demande est constante, explique Dany Frogier, la responsable : « En 2020, les gens sont venus, ont acheté parce qu’ils ne voyagent plus donc ils se sont mis dans leurs potager...Ils venaient chercher des plantes aromatiques pour planter chez eux. »

Sacha Bruni a transformé sa passion en métier. En octobre, il a pris sa patente et propose depuis des services potagers, « travailleur du vivant », comme il se définit lui-même. Il aménage les terrains, même difficiles, vend des semis et distille ses conseils aux particuliers, comme aux organismes publics. « Par exemple, là, le piment va aimer le soleil, l’aneth aussi, la patate douce va aimer la terre très meuble et très fine, sans caillou…il faut savoir repérer dans le jardin ces différents espaces pour qu’il y ait une certaine logique. »

Après un lycée et les jardins partagés de Papeete, aujourd’hui, il doit ensemencer les fondations d’une ancienne terrasse, chez un nouveau propriétaire. Un retour à la terre pensé et partagé…et déjà plébiscité : « Je ne m’attendais pas à un tel succès, on a du mal à faire notre propre jardin, donc là, on commence à ralentir. C’est toujours les cordonniers les plus mal chaussés… » dit-il en souriant. Car si la permaculture semble être une tendance nouvelle, elle ne fait que s’inspirer des cycles de la nature, comme cultivaient les générations précédentes.