Le toilettage du statut d'autonomie de la Polynésie française fera l'objet d'un projet de loi organique qui devrait être présenté au Parlement avant la fin de l'année, a indiqué Edouard Fritch à Paris. Au pogramme : les lois de pays, les matières premières et la reconnaissance du fait nucléaire.
Edouard Fritch, qui revenait d'un déplacement devant la quatrième commission des Nations unies à New York, est venu rencontrer à Paris la nouvelle ministre des Outre-mer Ericka Bareigts et discuter avec Philippe Bas, président (LR) de la commission des lois du Sénat, de la révision statutaire de la Polynésie.
Les modifications statutaires porteront notamment sur "la reconnaissance du fait nucléaire" après les 193 essais nucléaires réalisés à Moruroa et Fangataufa entre 1966 et 1996, et "la sanctuarisation de la dotation globale d'autonomie", rente annuelle accordée à la Polynésie française par la France (90,5 millions d'euros prévus pour 2017) notamment pour compenser la chute de l'activité économique après ces essais.
Même si la France a reconnu le fait nucléaire depuis 2010, "il y a nécessité d'aller plus loin sur cette reconnaissance", a insisté Edouard Fritch.
Les modifications statutaires porteront également sur "le statut des lois du pays", la clarification des compétences sur "les matières premières stratégiques" ou encore "les échanges numériques entre les institutions et l'Etat", a précisé la Délégation de la Polynésie dans un communiqué.
"Je ne demande pas de nouvelles compétences"
"Les aménagements que je souhaite apporter au statut, c'est pour apporter plus d'efficacité. Je ne demande pas de compétences nouvelles", a précisé le président du pays.
Il a rappelé ce qu'il a défendu mardi devant la quatrième commission de l'ONU chargée des questions de décolonisation: "la Polynésie française est aujourd'hui un pays autonome", qui a "toutes les compétences sauf en matière de sécurité, de Justice, de monnaie et de relations extérieures".
Mais "nous n'avons pas aujourd'hui les moyens de nos compétences. Pourquoi en demander plus?", a-t-il insisté, expliquant que l'Etat français payait actuellement les salaires des enseignants de Polynésie, même si l'éducation était du ressort de la Polynésie.
Devant la commission de l'ONU, il a demandé "pourquoi la Polynésie française est inscrite sur une liste de pays non autonomes à décoloniser". Elle y avait été réinscrite en 2013, à la demande des indépendantistes. "Depuis trois ans, l'ONU n'a entendu qu'un écho de voix, celui des indépendantistes. C'est la première fois que le gouvernement autonomiste prend la décision d'aller rectifier quelque chose", a expliqué Edouard Fritch.