Lancé le 6 juillet, l’appel à candidature de la première résidence d’écriture s’est clôturée le 16 août dernier. Les critères de recevabilité des dossiers étaient les suivants : être natif ou résident de Polynésie, avoir été publié par une maison d’édition et avoir un projet d’écriture. Parmi la dizaine de demandes et les dossiers finalisés, 3 d’entre eux étaient recevables selon les critères précisés par les organisateurs.
Les 3 dossiers présentés : Titaua Peu, Mourareau et Vaikehu Shan, ont été étudiés par les membres du comité de sélection puis débattus à l’occasion de la séance de délibération pour la désignation du Lauréat.
Les membres du comité prenant part au vote étaient :
- Chantal Spitz, représentant les auteurs polynésiens
- Thierry Delmas, représentant le ministère de l’éducation
- Vaiana Giraud, représentant le ministère de la culture
- Anne-Victoria Letort, représentant la Mission des Affaires Culturelles du Haut-Commissariat
- Mylène Raveino, représentant la médiathèque de TFTN et le réseau de Lecture Publique
Les organisateurs et leurs partenaires ont rendu aujourd’hui public la décision du comité.
La Lauréate de cette première résidence d’écriture en Polynésie française est Titaua Peu.
Titaua Peu sera donc la première auteure polynésienne à bénéficier de cette résidence qui lui permettra pendant cette période, de se consacrer entièrement à la création littéraire.
La résidence propose à l’auteure lauréate une immersion de 2 mois dans différents lieux de Polynésie.
En accord avec le projet d’écriture de Titaua Peu, les destinations de Taha'a et Mangareva ont été retenues pour accueillir l’auteure en résidence dans des pensions de famille de la place.
Ce projet proposé par l’AETI et ses partenaires a pour objectif de soutenir la création et le développement de la littérature polynésienne mais aussi de permettre la mise en place de rencontres et d’échanges entre auteur.e et public, grand public et public scolaire. Un programme de rencontre avec les élèves des îles de Mangareva, Raiatea et Taha'a sera donc proposé aux différents établissements de ces îles. Des moments privilégiés pour faire découvrir autrement la littérature au jeune public.
Biographie de Titaua Peu
Auteure à l’engagement éminemment politique, Titaua Peu donne à voir une société polynésienne réaliste, loin des clichés illusoires. Elle représente une des principales voix francophones de la littérature du Pacifique. Prenant le pas des "écrivains de l’ailleurs", c’est par sa voix tahitienne que s’expriment les réalités de son propre pays. Malgré son refus d’assimilation et son côté inclassable, elle s’impose pourtant définitivement comme auteure incontournable du paysage intellectuel et artistique polynésien.
"Mutismes" est son premier roman. Paru initialement en 2003, il fait d’elle la plus jeune auteure tahitienne à être publiée. Dès sa sortie, ce qu’elle décrit comme une "fiction", car "rien ne s’est passé et pourtant tout est vrai", fait scandale : ce texte est un véritable coup de poing contre l’establishment. Manifeste indépendantiste, il (re)donne voix aux oubliés des années fastes du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP).
Avec "Pina", son second roman, lauréat du Prix Eugène Dabit en 2017, Titaua Peu réalise un tour de force volontairement déterminé, salué par la critique, qui scelle son combat littéraire tout autant que social.