Covid-19 : les ambulances du ciel

L'équipe du Samu vient de se poser à Tahiti. Le patient atteint de la Covid-19 va rejoindre l'hôpital du Taaone au plus vite.
Pour soigner sur un territoire vaste comme l’Europe, le Samu va chercher les patients atteints de Covid-19 sur tous les archipels lorsque la prise en charge médicale n’est plus possible sur leur île, grâce aux équipages d’Air Archipels, mobilisés 24h/24.

Il est 18h30 lorsque le premier patient de la soirée, en détresse respiratoire sur l’atoll de Arutua aux Tuamotu, arrive à Tahiti. Sous oxygène et stabilisé, il est transféré dans l’ambulance pour rejoindre l’hôpital du Taaone au plus vite. "Je me sens fatigué, mais je suis prêt à repartir, déclare le Dr Axel Buchs, médecin urgentiste. On a deux autres patients qui nous attendent. On repart dans 40 minutes."

Plus tôt dans l’après-midi, le Samu a déclenché l’évacuation sanitaire auprès de la compagnie aérienne Air Archipels. Le médecin urgentiste et l’infirmier arrivent en ambulance sur le tarmac de l'aéroport de Tahiti-Faa'a. Ils doivent récupérer un patient atteint de la Covid-19 sur cet atoll situé à 400 km de Tahiti. 

L’avion doit décoller en moins de 45 minutes. Alors, il faut aller vite. Et tout peser, car avec 150 kg de matériel médical, le poids des équipes et du patient, la quantité de carburant est presque calculée au kilo près...


"Les conditions aéronautiques sont bonnes, précise le médecin urgentiste. Mais, c'est la nuit aéronautique : il faut que nous repartions d'Arutua avant que la nuit ne tombe. C'est une piste qui n'est pas éclairée et donc, nous n'avons pas le droit de redécoller si la nuit est tombée. Il faut que nous soyons là-bas avant le coucher du soleil." Le co-pilote referme la porte. Les moteurs sont mis en route et l'avion décolle. 

Une vingtaine d'évacuations urgentes en deux semaines


Pour les évasans urgentes de nuit sur les pistes non éclairées, l'armée prend le relais. Les hélicoptères aussi parfois. Mais Air Archipels réalise 60% des 700 évasans inter-îles urgentes chaque année. Les Beechcraft de la compagnie peuvent se poser sur toutes les pistes de Polynésie, à l’exception de deux îles marquisiennes.

Depuis le début du mois d'août, la compagnie aérienne est submergée par des malades de la Covid-19 gravement atteints : une vingtaine d'évacuations urgentes en deux semaines. "Quand on superpose les deux cartes, de la Polynésie et de l'Europe, en situant Tahiti au niveau de Paris, c'est comme si on envoyait des avions jusqu'à Oslo, jusqu'à Sofia, rappelle le directeur d'Air Archipels, Heifara Garbet. Ce sont des distances importantes et tous les jours un peu une gageure que réalisent les équipes du Samu et d'Air Archipels. Mais c'est aussi la force de la Polynésie de pouvoir offrir ce service aux populations et permettre ainsi la continuité du service public au plus loin des archipels." Car bien sûr, toutes ces évacuations sont prises en charge par la CPS.

L’avion revient à Tahiti 3 heures plus tard. Pendant ce temps, la société de désinfection Tahiti Bio Système, se prépare à intervenir pour limiter tout risque de contamination. Elle aussi, est mobilisée 24h/24. "On voit dans quel état les gens sortent de l'avion, témoigne le co-gérant de la société, Franck Guillot. On sait l'implication du Samu, des médecins...On les voit travailler toutes les nuits ! C'est incroyable qu'il y ait encore des personnes non-vaccinées. On a tout ce qu'il faut ici ! Dans d'autres pays, c'est galère pour se faire vacciner. Ici, on a même le choix des vaccins. On a de la chance. Nous, on est sur le terrain et on vous garantit, c'est pas joli...Il y a des patients qui me marquent...Je n'en parlerais pas, mais..." termine Franck Guillot, visiblement ému.

Au retour de l'avion, l’équipe de Tahiti Bio Système désinfecte l’appareil et déshabille l’équipage. "Il fait chaud et on s'habille comme il faut. Donc, on transpire un peu, confie dans un sourire le co-pilote, Jean-Luc Geny. Mais c'est essentiel. Il n'y a pas que nous, mais il y a surtout nous. Et c'est essentiel pour la Polynésie et ses habitants..."

Au cours de la nuit, les équipes du Samu et d’Air Archipels auront évacué 5 patients atteints de la Covid-19, de deux îles différentes.

Regardez ce reportage de Lucile Guichet-Tirao et Jacques Damour :