Mireille Haoatai, la maire de Manihi aux Tuamotu, s’est lancée dans une traque aux mauvais payeurs, en empruntant un moyen peu scrupuleux : du chantage. Des administrés en retard de paiement de leurs factures d’ordures ménagères se voient refuser le rechargement de leur électricité.
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Paiera, paiera pas ? Les délais de paiement, en l'occurrence les retards, sont un problème majeur pour bon nombre de communes. A Manihi, la régie, gérée par la mairie, est lasse de courir après les administrés. Elle a trouvé une solution un peu surprenante : obligé les administrés à payer leurs factures au risque de se voir privés d’électricité.
Les habitants victimes de ce chantage n’en peuvent plus. Henri a une facture qui s’élève à un peu plus de 30.000 frc. « Ce n’est pas parce que je ne voulais pas payer, c’est une négligence de ma part. Effectivement, on doit payer ce que l’on doit. Mais où est le rapport entre l’électricité et la poubelle ? ».
Il faut dire que la redevance des ordures ménagères à Manihi n’est pas très couteuse : 500 Fcfp par mois, soit 6.000 Fcfp par an. Mais lorsque les retards s’accumulent, la facture peut s’avérer être lourde, très lourde.
Heimana, a hérité de la maison de ses parents. Ces derniers n’auraient pas payé leurs factures depuis des années, et la note est salée : plus de 400. 000 Fcfp sont à régler. « Quand je suis allée à la mairie pour recharger mon courant, l’agent de la régie m’a dit : 'je dois d’abord préparer tes factures poubelles, parce que notre tavana est en train de récupérer tous les arriérés, et si vous ne passez pas au règlement des factures poubelles, vous n’aurez pas le droit de recharger votre électricité’. J’ai été très surprise ! J’ai rencontré la tavana et elle m’a bien dit les choses : ‘Il faut que tu payes tes poubelles ! Si vous ne payez pas, vous n’aurez pas droit au chargement !’. Et je lui ai répondu : 'sur quelles bases juridiques te bases-tu pour nous imposer cela ?' Elle me rétorque d’un air sec et autoritaire : ‘les poubelles sont à la mairie, l’électricité c’est à la mairie, je suis le maire, et c’est moi qui décide !’ ».
Heimana a tenté un arrangement, pour ne pas être privée d’électricité, mais en vain. Mireille Haoatai impose une somme qu’elle peine à débourser.
L’île de Manihi est dotée d’une centrale électrique hybride depuis 2017 acquise, en partie, grâce à un emprunt réalisé auprès de l’Agence française de développement.
« C’est de l’abus de pouvoir »
Les habitants victimes de ce chantage n’en peuvent plus. Henri a une facture qui s’élève à un peu plus de 30.000 frc. « Ce n’est pas parce que je ne voulais pas payer, c’est une négligence de ma part. Effectivement, on doit payer ce que l’on doit. Mais où est le rapport entre l’électricité et la poubelle ? ».Il faut dire que la redevance des ordures ménagères à Manihi n’est pas très couteuse : 500 Fcfp par mois, soit 6.000 Fcfp par an. Mais lorsque les retards s’accumulent, la facture peut s’avérer être lourde, très lourde.
Heimana, a hérité de la maison de ses parents. Ces derniers n’auraient pas payé leurs factures depuis des années, et la note est salée : plus de 400. 000 Fcfp sont à régler. « Quand je suis allée à la mairie pour recharger mon courant, l’agent de la régie m’a dit : 'je dois d’abord préparer tes factures poubelles, parce que notre tavana est en train de récupérer tous les arriérés, et si vous ne passez pas au règlement des factures poubelles, vous n’aurez pas le droit de recharger votre électricité’. J’ai été très surprise ! J’ai rencontré la tavana et elle m’a bien dit les choses : ‘Il faut que tu payes tes poubelles ! Si vous ne payez pas, vous n’aurez pas droit au chargement !’. Et je lui ai répondu : 'sur quelles bases juridiques te bases-tu pour nous imposer cela ?' Elle me rétorque d’un air sec et autoritaire : ‘les poubelles sont à la mairie, l’électricité c’est à la mairie, je suis le maire, et c’est moi qui décide !’ ».
Heimana a tenté un arrangement, pour ne pas être privée d’électricité, mais en vain. Mireille Haoatai impose une somme qu’elle peine à débourser.
Liquider les impayés avant la fin de l’année
Contactée par téléphone, Mireille Haoatai, la maire, assume. « Chaque début d’année, nous envoyons des courriers de rappel. Cette année, j’ai été un plus sévère. Dans le courrier, je leur ai indiqué que j’allais procéder de cette manière ». Selon la représentante de l’autorité municipale, ils seraient une quinzaine à devoir des impôts d’ordures ménagères depuis 2010. Ce sont donc 900 000 Fcfp qui manquent dans les caisses de la commune, sans compter les factures en attente depuis deux ans. La maire de l’île estime que sa manière de procéder n’est pas assimilée à du chantage : « ce n’est pas du chantage, les déchets comme l’électricité appartiennent à la commune, donc ils se doivent de payer. Tous les vendredis et tous les lundis, nous ramassons les déchets, cela fait donc huit fois par mois. Et nous ramassons les déchets de tout le monde. Alors est-ce que vous trouvez normal que certains paient et d’autres pas ? ».Mauvais ‘’timing’’
Au-delà du fait de vouloir liquider les impayés, les habitants regrettent aussi que la ‘’chasse’’ soit entreprise en pleine crise sanitaire et sociale. « On sort du confinement, les gens n’ont pas travaillé pendant un mois, ils n’ont pas de sous ! », déclare l’un d’entre-eux, pris entre deux étaux.Système de compteur prépayé
Comme dans de nombreux atolls aux Tuamotu, les logements sont équipés de compteurs électriques à prépaiement. Concrètement, il s’agit d’un compteur standard couplé à un boîtier électronique qui permet la lecture d’une carte à puce. Cette carte rechargeable est munie d’une puce électronique, comme celle que l’on trouve sur les cartes bancaires. Pour consommer de l’énergie, il faut « charger » cette carte pour un certain montant. Une fois la carte chargée et insérée dans le compteur, les foyers sont alimentés en énergie à concurrence du montant qu’ils ont choisi de charger. Le montant disponible s’affiche en permanence sur l’écran du module électronique, ce qui permet de gérer directement leur consommation.L’île de Manihi est dotée d’une centrale électrique hybride depuis 2017 acquise, en partie, grâce à un emprunt réalisé auprès de l’Agence française de développement.