Du sable blanc, des eaux turquoises, et au milieu de ce bout de paradis : du miel. O'neill est apiculteur, il vit à Rangiroa. Tous les jours, il se rend sur le motu de Tivaru pour s'occuper de ses ruches et ses abeilles qui font un miel exceptionnel. Rencontre.
Chapeau de travail sur la tête, il traverse le lagon à la rame à bord d’un kayak couleur vert pour rejoindre la plage. Un bout de paradis perdu au milieu des Tuamotu à Rangiroa. C’est ici, sur une partie du motu de Tivaru, qu’O’neill a posé ses 95 ruches. Le jeune apiculteur de 24 ans a décidé de rejoindre il y a trois ans la terre de ses ancêtres après avoir passé des années à Tahiti. « La vie là-bas est plus intense, j’avais besoin de me reconnecter avec mes ancêtres. Je me plais ici ».
Le Paumotu se dit connecté à la nature, il aime et chérit son fenua. Encore plus ses abeilles. « La vie des abeilles me passionne. Elles réfléchissent toute de la même manière et travaillent toutes pour la même chose. Elles ne font un pas de différence dans les colonies. Si on n’était comme elles, la vie serait plus simple ! ». Vêtu simplement d’un t-shirt noir et short beige, O’neill marche le long du récif avec au large Tikehau avant de s’enfoncer dans le motu au travers des miki mike et tohonu. Là, au milieu de ces arbres, deux ruches. Les autres sont éparpillées sur l’îlot. Chaque jour, il part du village d’Avatoru où il habite pour rendre visite à ses abeilles et voir si elles ne sont pas malade. « Il y a beaucoup de chose à prendre en compte mais heureusement ici, il n’y a pas de maladie. C’est le pillage, le problème. Des gens viennent se servir ».
O’neill passe la majeure partie de son temps sur le motu préférant la compagnie des abeilles à celle de l’homme. Le Paumotu est plutôt du genre taiseux. Passer des heures sans personne sur cet îlot n’est pas un problème pour ce passionné qui aime uniquement parler de son miel. « Ici, il est particulier. Au niveau du goût, on sent le cocotier et le kahaia. La texture est un peu gélatineuse. Il a aussi beaucoup de vertus grâce aux plantes médicinale qu’on a ici », raconte l’apiculteur qui s’en sert pour apaiser ses maux de tête, une vertu parmi tant d’autres. Équipé d’un unique chapeau avec son voile de protection et son enfumoir, il soulève ses ruches. « Les abeilles ne piquent pas, c’est dans le tête », assure-t-il alors qu’il récupère un peu de miel de ses cadres. Les abeilles sont heureuse ici, libres et sauvages. Tout autour des ruches, elles ont d’ailleurs fait des essaims sauvages dont un dans le tronc d’un arbre mort. La vue y est surprenante. « Regarde, c’est beau, hein ? » lance le passionné qui tente de ramasser un peu de miel dans le trou noir du tronc.
En trois ans, O’neill s’est fait une réputation à Rangiroa. Ils sont deux, ici, à faire et commercialiser du miel. Le Paumotu vend sur l’île mais aussi au marché de Tahiti. Il vit bien de son activité, assure t’il. « J’ai les moyens aujourd’hui de pouvoir voyager mais je ne peux pas laisser mes abeilles. Je n’ai trouvé personne sur qui compter pour s’en occuper. Donc, je le fais et comme ça je prépare ma retraite ! ». O’neill est un besogneux mais aussi un homme prévoyant. Bien décidé à ne pas passer sa vie à ne rien faire, il s’est formé à Tahiti pour apprendre un métier dont il est tombé amoureux et assurer son avenir. Célibataire et sans enfant, l'apiculteur souhaiterait désormais partager sa passion. « J’aimerais bien former des gens». En attendant, il continue de prendre soin de ses abeilles. Sa petite famille du bout du monde.