Le vinaigre, poison mortel pour les taramea

L'acanthaster, étoile de mer tueuse de corail
Des chercheurs australiens affirment que le vinaigre est un poison radical pour lutter contre les étoiles de mer dévoreuses de corail. Les ''taramea'' contribuent à détruire la grande barrière, victime de deux années consécutives de blanchissement. 
L'étoile de mer qui dévore les coraux, "taramea" en tahitien peut être tuée avec du vinaigre, ont annoncé des chercheurs, une découverte porteuse d'espoir pour les sites particulièrement menacés.
              
L'acanthaster planci -surnommée "couronne d'épines" ou plus facétieusement "coussin de belle-mère"- se nourrit presque exclusivement de coraux, peut atteindre un mètre de diamètre et est dotée de piquants dont le venin est toxique pour l'homme.
              
Jusqu'à présent, des produits chimiques coûteux étaient utilisés pour la neutraliser, au risque de nuire aux autres organismes marins des récifs.
              
Des tests effectués par des chercheurs de l'Université James Cook en collaboration avec le directoire du parc marin de la Grande barrière de corail (GBRMPA), ont montré que le vinaigre était une solution sûre, efficace et bon marché.
              
La chercheuse Lisa Bostrom-Einarsson a expliqué qu'une expérience menée pendant six semaines sur quatre sites avait permis de constater le décès sous 48 heures d'acanthasters qui avaient reçu une injection de vinaigre, sans que celle-ci n'ait d'impact sur les autres organismes.
              
"Nous avons pris en compte l'importance de la couverture corallienne, l'abondance et la diversité de poissons, les maladies des poissons, l'abondance des invertébrés avant, pendant et après la période d'étude de six semaines et nous n'avons remarqué aucun impact négatif", a-t-elle dit.
              
L'éradication ou le contrôle de la population de ces étoiles de mer serait cependant une tâche herculéenne car chacune d'entre elles doit être individuellement piquée.
 

Pas d'impact négatif sur l'environnement

              
Cette méthode est toutefois bien plus efficace que celle consistant à retirer puis tuer chaque spécimen.
              
Une vaste étude publiée en 2012 avait révélé que sur les 27 années précédentes, la couverture corallienne avait été divisée par deux. Et 42% des dégâts avaient été imputés à cette étoile de mer.
              
Aucun consensus scientifique n'existe pour l'heure sur les raisons expliquant les invasions de ces "couronnes d'épines", qui sont un fléau dans de nombreuses régions du Pacifique et de l'océan Indien.
              
"Il y a des millions d'étoiles de mer sur la Grande barrière et chaque femelle produit chaque saison 65 millions d'oeufs", a observé Mme Bostrom-Einarsson pour expliquer qu'une éradication totale au vinaigre était impossible.
              
"Les tuer toutes nécessiterait une mobilisation énorme, mais nous savons que des efforts durables peuvent être mis en oeuvre pour sauver certains récifs individuellement", a-t-elle dit.
              
Fred Nucifora, responsable du tourisme au sein du GBRMPA, a déclaré que les traitements au vinaigre seraient mis en oeuvre sur des récifs identifiés comme ayant une forte valeur en terme de patrimoine ou de tourisme.
 

Une opération capitale pour sauver les coraux

              
"Tuer les couronnes d'épines est une opération capitale pour protéger la couverture corallienne et améliorer la résilience des récifs, en particulier dans le contexte du blanchissement des coraux", a-t-il dit.
              
Les scientifiques australiens ont annoncé il y a deux semaines que les coraux qui subissaient pour la seconde année consécutive ce phénomène de blanchissement n'avaient aucune chance de s'en remettre.
              
Le blanchissement est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l'eau qui entraîne l'expulsion des algues symbiotiques donnant au corail sa couleur et ses nutriments.
              
Les récifs peuvent s'en remettre si l'eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste.
              
L'épisode en cours est le quatrième après ceux de 1998, 2002 et 2016.
              
Le vinaigre a été ajouté à la liste des produits autorisés par le GBRMPA, ce qui signifie que les entreprises du secteur touristique peuvent demander des permis pour commencer à contrôler la population d'étoiles de mer.
              
La Grande barrière abrite 400 espèces de coraux, 1.500 espèces de poissons, 4.000 espèces de mollusques et de nombreuses espèces en danger comme le dugong et la grande tortue verte.

Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1981, la Grande barrière australienne s'étend sur environ 345.000 km2 le long de la côte australienne et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde avec 3.000 "systèmes" récifaux et des centaines d'îles tropicales.