Wallis : les collégiens écrivent leur fenua

Wallis : les collégiens écrivent leur fenua
Une délégation de collégiens de Wallis est en ce moment à Tahiti pour promouvoir leur livre et participer au salon du livre. On vous explique.

A l'origine de leur venue, il y a d'abord un projet : intéresser les collégiens à la lecture. C'était le voeu pieu de madame Marest, professeure de français au collège Vaimoana de Wallis. "Quand j'ai découvert que l'histoire de Wallis ne commençait dans les manuels scolaires qu'à partir du 19e siècle, j'ai compris qu'il y avait un énorme manque duquel pouvait découler cette absence d'intérêt. J'ai cherché comment développer leur curiosité. Cela a commencé avec un auteur de Nouvelle-Calédonie, Firmin Mussard. Les élèves ont adoré, ils en redemandaient ! Il manque une littérature contemporaine à Wallis ; il n'existe pas d'auteurs wallisiens. C'est la raison pour laquelle les enfants ne lisent pas : ils ne se sentent pas concernés." D'autant que, comme le dit madame Taata, également professeure de français dans le même établissement, "les Wallisiens ne sont pas des lecteurs car ils ont une culture de l'oralité, qui est toujours très vivace". Il n'y a pas de librairie à Wallis, tout juste une bibliothèque très peu garnie.

Ecrire la première page...

Et comme il faut un commencement à tout, madame Marest décide que ce sera par ses élèves : "je leur ai demandé non plus de lire, mais d'écrire". En 5e, il y a au programme les romans d'aventure mais aussi les carnets de voyages. Elle propose à ses élèves d'écrire sur leurs vacances, passées à Wallis ou ailleurs. Elle reçoit une trentaine de rédactions, dont certaines qu'elle juge exceptionnelles. Dommage d'en rester là. Et si on créait un atelier d'écriture ? Et si on éditait les textes ? Et si on permettait aux élèves de croire en eux, en leur potentiel, de vivre une aventure ? La machine se lance. Avec ses collègues du FSE et les élèves volontaires, ils passent 6 mois à relire, corriger, réécrire les textes qu'ils ont sélectionné. Cherchent un éditeur. Découvrent l'existence du salon du livre à Tahiti. Vendent des plats pour financer le voyage...

Des mots qui prennent vie dans un voyage 

De gauche à droite : Zoé Humbert, Tessa Moulin, Moina Tamole et madame Marest.

Et les voilà rendus à Tahiti, si près si loin de Wallis, pour promouvoir leur travail, partager leur expérience, mais également découvrir les auteurs locaux et profiter des nombreuses animations organisées sur le salon. Hier, une lecture-rencontre a été organisée sous le kiosque. D'abord intimidés, les jeunes écrivains en herbe semblaient émus. Fiers du chemin parcouru. "C'était difficile, on a beaucoup travaillé, on a même dû revenir au collège des jours où on avait pas école", admet Tessa. Un comble. "Mais ça valait le coup". Ouf. Et ce dont on est sûr, c'est que ces collégiens trouveront un écho significatif dans la littérature de nos îles.

Vous pourrez découvrir "11 nuances Pacifique des enfants du fenua" sur le salon du livre, qui se déroule jusque dimanche esplanade basse de To'ata.

"Malo ! Nous avons douze ou treize ans, nous habitons Wallis, petit paradis bleu du Pacifique. Héritiers du peuple de la mer, enfants du Fenua, nous partageons avec vous ce que nous voulons graver dans nos mémoires."