PORTRAIT. Découvrez le destin peu commun d’Andrew Bone, Néo-Zélandais devenu agriculteur à Bourail

Durement touché, comme beaucoup d'agriculteurs, par l'épisode climatique de La Niña, Andrew Bone, Néo-Zélandais installé depuis 1995 à Bourail, ancien président de la Foire, conserve toujours intacte sa passion pour la terre et pour la Nouvelle-Calédonie.
À 50 ans, Andrew Bone conserve une petite pointe d'accent néo-zélandais. Arrivé en 1995 à Bourail pour une année sabbatique, cet agriculteur n'a finalement plus quitté la Calédonie. Ancien président de la Foire de Bourail, ce bon vivant reste un homme très engagé de la commune. Découvrez son portrait dans Destins peu communs.

De son bureau perché sur une colline de Bourail, Andrew Bone regarde ses champs. Le Néo-Zélandais se souvient de son arrivée sur la côte Ouest et de son coup de foudre pour la Nouvelle-Calédonie. "Je partais après ma licence, c'est très courant de faire cela en Nouvelle-Zélande. Normalement, on part un an avant de revenir, mais bon, le destin en a décidé autrement pour moi." Après ses études en agriculture et commerce extérieur, Andrew Bone arrive sur le Caillou pour travailler dans une exploitation de squash. C’était en 1995. "On lançait la culture de la squash, qui est devenue depuis assez répandue sur la côte Ouest. C’était le début. Comme j’avais travaillé, lors de mes vacances universitaires, chez un propriétaire qui faisait également de la squash, j’avais un peu d’expérience. J’ai été embarqué en Calédonie, ça s’est fait très rapidement. Je n’avais même pas de passeport et on est parti une semaine plus tard." L’agriculteur parle alors quelques mots de français, appris laborieusement à la fac. "Commander une bière et un steak-frite, no problem, mais pas beaucoup plus. Ce sont les Bouraillais qui m’ont appris à parler, pas la prof à l’université, qui était plutôt désespérée ! C’est ça le destin ! La Calédonie a cet effet sur certaines personnes et, au grand désespoir de mes parents, je suis toujours là, presque trente ans plus tard!"

Un enfant de la terre


Andrew Bone a grandi les pieds dans la terre, à Hastings, sur la côte Est de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. "Ma mère produisait des fleurs coupées, principalement des chrysanthèmes. Mon père cultivait des fraises, des framboises et des mûres. J’ai grandi dans l’exploitation. Quand j’étais gosse, j’aidais mon père, qui me faisait parfois rater des journées d’école parce qu’il avait besoin d’un coup de main. Donc, à 6-7 ans, je conduisais le tracteur. C’est un peu dans les gènes, même si ce n’était pas forcément ce que je voulais faire. Mais j’ai vite réalisé que travailler dans un bureau, ce n’était pas mon truc. Donc je suis retourné à la terre." Après son année sur l’exploitation bouraillaise, il décide de rester. Un an de plus. Puis une année encore. Et ainsi de suite. Finalement, il devient propriétaire de la parcelle. "Je suis à mon compte depuis 2007. Je me suis lancé dans la squash et dans la pomme de terre. On a été sinistré avec l’épisode de La Niña en 2021-2022, ce n’est pas toujours un métier facile. Mais je suis toujours là. Heureusement, la vie continue, il faut reconstruire et espérer que le temps soit avec nous cette année.

Un homme du Pacifique engagé


À côté de son exploitation, Andrew Bone est également un homme engagé. Il a, par exemple, passé cinq ans à la présidence de la Foire de Bourail. "J’estime que dans la mesure du possible chacun doit redonner quelque chose. J’ai été élevé comme ça. Quelque part, c’est un remerciement aussi, parce que j’estime avoir été bien reçu ici à Bourail, donc c’est ma petite contribution pour la commune." L’agriculteur est également engagé dans l’organisation de l’Anzac Day, afin de rendre hommage aux soldats néo-zélandais inhumés à Nessadiou. "J’avais un vieux tonton, qui est mort maintenant, qui était là pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette histoire des forces alliées en Nouvelle-Calédonie pendant la guerre, avec notamment 20 000 Néo-Zélandais, c’est quelque chose qu’il ne faut pas oublier. Il y a quand même 500 personnes enterrées à Nessadiou. Donc il faut se souvenir de leur sacrifice pour que nous puissions vivre libres dans les conditions que l’on connaît." Aujourd'hui, Andrew Bone se sent touriste lorsqu'il voyage en Nouvelle-Zélande et chez lui lorsqu'il rentre à Bourail. L'agriculteur pense à demander la double nationalité, tout en se sentant plus "homme du Pacifique que lié à l'Europe." À la question de savoir s'il se sent également Caldoche, Andrew Bone reste évasif. "Je n'aime pas mettre des étiquettes sur les gens. Je trouve qu’on sait vivre ensemble bien comme il faut à Bourail, tout en respectant nos différences. Je pense qu'avoir des différences, c’est bien. Nos différences, c’est notre richesse."

Découvrez cet épisode ainsi que tous les autres de Destins peu Communs, l'émission qui part à la rencontre de nos identités (diffusion en radio les mardis à 12h17 et rediffusé le dimanche à 12h20).