Portrait. Découvrez le destin peu commun de Giovanni Drigo, ou l’histoire d’un Italien en Nouvelle-Calédonie

Giovanni Drigo, président de l'Amicale des Italiens du col de Tonghoué, avec la dernière photo prise de lui avec ses parents avant son départ d'Italie en 1970.
Giovanni Drigo est originaire de la région de Venise. Arrivé à 25 ans à Nouméa pour travailler dans la construction, il pense alors repartir rapidement dans son village natal. Cinquante ans plus tard, il est toujours là, fier aujourd’hui de ses "deux patries". Découvrez son portrait dans Destins peu communs.

"Après tant d’années ici, on se fait une patrie. Moi aujourd’hui, je dis que mon paradis est calédonien, même si je reste Italien." Giovanni (dit Gianni) Drigo, président de l'Amicale des Italiens du col de Tonghoué, a les larmes aux yeux alors qu’il évoque son village natal de Villanova, commune de Fossalta di Portogruaro. "Il y a toujours ces quelques secondes quand j’arrive à l’aéroport de Venise et que la porte de l'avion s'ouvre, un air particulier qui me dit que j'ai retrouvé mes racines." Âgé de 78 ans, Gianni Drigo se souvient de son départ de la maison de ses parents, alors qu'il avait à peine 25 ans. "J’avais vu des copains se faire construire une maison en Italie après quelques années de travail en Calédonie, alors quand l’occasion s’est présentée de venir ici, je n’ai pas hésité, même si j’ai dû regarder sur une carte où se trouvait le pays. En sept jours, j’étais parti."

 

 

Calédonie : le choix du cœur

 

 

Giovanni Drigo se retrouve alors, avec les autres Italiens venus travailler dans la construction, à Ducos. "Au début on ne parlait pas un mot de français. Sur le chantier, ça allait car beaucoup d’ouvriers étaient comme nous, à l’extérieur on essayait de se faire comprendre avec les mains ou comme on pouvait." Si beaucoup de travailleurs reprennent le chemin de l'Italie après quelques années sur le Caillou, d'autres, comme Gianni, font le choix de rester. "Un jour, je suis allé travailler à Ponérihouen, c’est là que j’ai rencontré ma femme et que tout a changé. Le retour en Italie a été mis de côté, je suis resté et nous sommes maintenant mariés depuis plus de 50 ans." Désirée Drigo se souvient aussi de sa rencontre avec l’homme qui allait devenir son mari. "Lui, c’était le paysan qui arrivait ici avec sa truelle, son marteau et ses spaghettis, puis petit à petit, quand il est entré dans la famille, il a appris à manger à la façon calédonienne et à parler français." Elle apprend aussi l’italien et entreprend des recherches sur l’histoire de la communauté italienne de Nouvelle-Calédonie. "Je pense aux plus jeunes, s'ils arrivent un jour ici et nous demandent ce qu'on a fait pour conserver la mémoire de leur pays, je veux qu’ils trouvent des réponses à leurs questions sur le passé."

 

 

La fin du voyage

 

 

Giovanni Drigo a, de son côté, choisi de construire un lieu de rencontre pour la communauté. Avec de nombreux bénévoles, et grâce à des dons de matériel, les Italiens de Nouvelle-Calédonie ont ainsi pu mettre en place un local au col de Tonghoué. Un lieu où Gianni se rend presque tous les jours. "C’est mon petit coin de paradis, là où je retrouve d’autres anciens qui parlent mon patois. Je me souviens que certains doutaient que la jeunesse nous rejoigne dans ce lieu, mais si, les nouvelles générations viennent et sont fières de leur passé, beaucoup de familles calédoniennes ont des racines italiennes, c’est bien de partager l’histoire." Aujourd’hui, Giovanni Drigo vient de trancher une question délicate qui le taraudait depuis longtemps. "J'ai décidé que je veux être enterré ici, car oui, mes racines seront toujours là-bas, mais finalement ma vie s'est construite en Calédonie, ma femme est d'ici et tout cela n'est qu'une grande et même histoire d'amour alors je reste. Pour moi, la Nouvelle-Calédonie est comme un jardin de fleurs de toutes les couleurs, c'est beau et c'est pour ça aussi que je veux me faire enterrer ici."

 

 

Découvrez cet épisode ainsi que tous les autres de Destins peu Communs, l'émission qui part à la rencontre de nos identités (diffusion en radio les mardis à 12h17 et rediffusé le dimanche à 12h20).