Tir aux impôts : 10 ans de réclusion criminelle pour tentative de meurtre

Marie-Fred Lorion a payé cher son attitude pendant son procès devant la cour d’assises de La Réunion. Le procureur avait requis 7 ans de prison, il a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle.
Les agents des finances publiques craquent à l’énoncé du verdict. " 10 ans de réclusion criminelle ", elles se sentent enfin reconnues dans leur statut de victime. Pendant deux jours, la défense a tenté, en vain, de les culpabiliser. Pendant les deux années qui viennent de s’écouler elles ont été montrées du doigt d’où cette réflexion du directeur à l’issue du procès : " Enfin, il était temps que la vérité soit rétablie. Je tiens ici à saluer les 830 fonctionnaires des finances publiques et le travail qu’ils fournissent pour offrir un service de qualité ".
Madame Hoarau, Monsieur Angama ou encore Monsieur Chane-Fock (absent lors de ces deux jours d’audience) ont eu du mal à se faire entendre. Les inspecteurs des impôts étaient responsables de tous les maux dont souffrait l’accusé.
 
Pas maltraité par le fisc
 
En fait lors du procès, il est apparu que Marie-Fred Lorion, âgé aujourd’hui de 52 ans, était en guerre avec l’administration fiscale depuis 1990 : " Il ne voulait pas payer et tentait en permanence de repousser l’échéance. Il a obtenu 22 reports de créances et autant d’annulation de majorations ", souligne à la barre Me Christelle Videlo-Clerc pour la partie-civile. Un constat appuyé par François Thévenot, l’avocat général, qui précise : " Ici, ce n’est pas le procès du fisc, mais le procès d’un homme qui a tiré sur Mme Hoarau. Il considérait cette dame, comme la responsable de ses dettes, alors que Monsieur Lorion avait reçu la taxe foncière en août 2010 et savait très bien à qui s’adresser pour obtenir une dérogation ", avant de requérir une peine de 7 ans de prison.
 
La misère pour seule défense
 
La défense de son côté par les voix de maître Omarjee et du bâtonnier Hoarau ont voulu dénoncer le fonctionnement de cette administration : " Déshumanisée, froide, impersonnelle ", puis ont tenté de tirer sur la corde sensible du pauvre " ti-boug " : " Il a quitté l’école  très tôt. Il a hérité d’une case, mais ils n’avait pas les moyens de payer les taxes foncières. Ne donnez rien à vos enfants. Il y a des centaines de Lorion dans la nature. On prive les réunionnais de leur terre ! ".
Comme souvent quand les avocats plaident les alentours d’un dossier et non le fond les jurés sont allés au delà des réquisitions et ont condamné Marie-Fred Lorion à dix ans de réclusion criminelle.