Est-il possible de gérer les excès des repas de fête ?

Peut-on préparer son corps à l'orgie de gras, de sucre et d'alcool que représente souvent les fêtes de fin d'année? Faut-il se priver les jours suivants pour "récupérer" ? Voici les conseils d'un diététicien-nutritionniste.
Saumon fumé, foie gras, rhum, champagne, bûche… Repas de Noël puis réveillon du Nouvel An, tout cela risque bien de faire exploser les compteurs de calories. Y a-t-il une stratégie pour préparer son organisme à ingurgiter autant de gras et de sucre ?  Les conseils de Julien Rebeyrol, diététicien-nutritionniste à Lyon.

Peut-on préparer son corps à ces repas hypercaloriques ?
Julien Rebeyrol : Ce n'est ni nécessaire, ni vraiment faisable. On peut tout de même éviter de faire un repas très calorique juste avant un dîner de fête. Ça ne sert à rien de se mettre à la diète quelques jours avant, au contraire. Vous arriverez avec les crocs et vous priver de certains aliments peut exacerber leur attrait. Par exemple, si vous bannissez les poissons gras pendant une semaine, vous risquez de vous jeter sur le saumon fumé.
Manger gras à Noël et pour le réveillon, c'est grave ?
Il ne faut se priver de rien, sauf contre-indication médicale, comme le diabète par exemple. Il faut plutôt essayer de faire rimer plaisir avec qualité et non avec quantité. Des études ont montré quand lorsque l'on consomme un produit de qualité, on a tendance à en consommer moins.

On lit un peu partout des conseils pour un repas de fête "light". Est-ce judicieux ?
On peut faire des sauces moins grasses, consommer un maximum de fruits et de légumes… Mais si on veut se faire plaisir, autant prendre la grosse bûche glacée qui nous fait envie, dans une quantité raisonnable, plutôt que des mandarines. En se forçant à faire des choix moins gras, on va se frustrer et entrer dans un cercle vicieux. La première étape, c'est la restriction, type régime Dukan ou cures "détox", puis vient la frustration, la compensation, la culpabilité et le retour de la restriction, etc.
Il faut surtout veiller à bien s'hydrater tout au long du repas, notamment si l'on boit de l'alcool, en alternant verre d'alcool et verre d'eau. Et ne pas oublier qu'une petite assiette de féculents est moins calorique qu'une grande assiette de légumes. Ou qu'un carré de chocolat noir ou au lait vaut autant qu'un yaourt nature.

Faut-il faire attention les jours qui suivent ?
Juste après le repas, je préconise une marche digestive. D'abord, pour éviter le phénomène d'endormissement des fins de repas, et ensuite, en marchant, le corps commence à brûler ce qu'on a consommé.
Le lendemain, il ne faut surtout pas se peser ! Il faut continuer à bien s'hydrater, avec de l'eau, des soupes ou des infusions. Et surtout, écouter ses sensations. Ne pas avoir faim après un gros repas, c'est normal, car le corps n'est pas en demande. Donc il ne faut pas se dire que l'on va "reprendre les bonnes habitudes" en se forçant à avaler un petit-déjeuner. On ne se couvre pas quand on n'a pas froid : ce doit être pareil pour la faim.
Les cures "détox" [qui consistent à n'avaler que soupes, tisanes, jus de fruits et légumes pendant plusieurs jours afin de "nettoyer" son corps], je n'en pense pas forcément du bien. A part décharger un peu le rôle du foie, elles n'ont qu'un effet diurétique et accélèrent le transit. Si on laisse faire la nature, on va finir par "éliminer" sans passer par cette phase de privation.
Propos recueillis Par Nora Bouazzouni