Le chef de la bande du Bas-de-la-Rivière à Saint-Denis condamné à 10 ans de prison ferme

Ils ont fait régner la terreur au centre-ville de Saint-Denis pendant un an. Les quinze prévenus sont officiellement impliqués dans une trentaine de vols avec violence, mais seraient responsables d’une centaine de méfaits. Leurs chefs viennent d’écoper de dix ans de prison.
Comme un défi lancé à l’ordre établi, dans leur vidéo clip, les quinze prévenus du procès du quartier du Bas-de-la-Rivière à Saint-Denis débarquent sur leurs scooters sans casque et chantent : « Pas des loosers, mais des voyous… ». Cette caricature de rappeurs, des ghettos de New-York ou Los-Angeles, les a conduits à se comporter comme dans les feuilletons américains. Musique, vitesse et violence étaient leurs trois piliers. Emmanuelle Barre, procureure de la République, avait ciblé les trois têtes « pensantes » du gang. Ils écopent de 10 ans de prison ferme. Ces trois caïds dirigeaient la quinzaine de prévenus. Face aux magistrats, ils ont tenté de fanfaronner pour faire rire l’assistance venue en nombre les soutenir. Des écarts de conduite qui correspondent aux portraits dressés par l’accusation. Le ministère public n’avait pas besoin d’aide pour convaincre les juges, mais les suspects n’ont pu s’empêcher de s’enfermer dans leur propre mauvais rôle.
 
Dix jours pour faire appel
 
La défense s’est acharnée pour sa part à battre en brèche l’idée de bande organisée. Cette notion juridique aggrave le quantum des peines encourues. Pour les avocats, il était question de larcins d’opportunités et non d’actions préparées, concertées et réfléchies. Les vols étaient violents. Un homme a été si durement frappé qu’il est resté quinze jours dans le coma. Trois ans après les faits, il souffre encore de ce passage à tabac. Une agression encombrante pour les avocats qui ont tenté de minimiser les agissements de leurs clients en retenant un peu moins d’une trentaine de faits, contre la centaine évoquée.
Cette lecture du dossier n’a pas convaincu les juges du tribunal correctionnel de Saint-Denis qui ont suivi l’accusation en prononçant des peines de prison ferme, et ont délivré deux mandats d’arrêt.
Les accusés disposent de dix jours pour faire appel du jugement.
Un premier rendez-vous judiciaire en attendant le procès aux assises pour le meurtre de Carl Davies. Le corps de ce marin anglais a été retrouvé mort, le 9 novembre 2011, en contrebas de la bretelle d’accès à la route du littoral. Une voie qui permet de quitter Saint-Denis pour se rendre l’Ouest du département.

En images la tension qui a régné ce matin au  tribunal

HA SAID

Les condamnations des quinze prévenus
  • Yassine Rashid Ahamada : dix ans ferme, il est maintenu en détention
  • Chakane Attoumanie : 2 ans dont 18 mois avec sursis. Le tribunal s’est déclaré incompétent pour les faits reprochés au prévenu quand il était mineur
  • John Emmanuel Babas : trente mois ferme et mandat de dépôt requis. Le prévenu était absent, ce vendredi matin
  • Mickael Baptiste : deux ans ferme avec mandat d’arrêt
  • Ritchy Pierson Cenardière : cinq ans ferme, il est maintenu en détention. Les juges ont également prononcé la révocation du sursis mis à l’épreuve.
  • Anthony Damour : dix-huit mois ferme, il a été reconnu en état de récidive légale
  • Wilson Jean-Pierre Damour : trois ans ferme, il était absent, il fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt
  • Ulrich Emmanuel : un an ferme.
  • Patrick Jean-Denis Genna : deux ans ferme
  • Loic Nicolas Emmanuel Magdeleine : il était considéré par le parquet comme le cerveau de la bande du Bas-de-la-Rivière, il vient d’être condamné à dix ans de prison. Les juges ont également prononcé à son encontre la révocation d’un sursis mise à l’épreuve. Il est retourné en prison où il est en détention provisoire dans une autre affaire.
  • Loïc Parseramin : deux ans ferme et révocation d’un sursis, lui aussi était déjà incarcéré en attendant un futur procès
  • Soulaimana Saïd : un an ferme
  • Jérôme Jean Steven Sanassy : dix ans ferme
  • Eddy Seperoumal : 5 ans ferme
  • Ludovic Virin : 2 ans ferme

Par ailleurs, les juges ont assortis ces peines pour les quinze prévenus d’une interdiction de graviter aux abords de la discothèque Le Loft et des établissements nocturnes du centre-ville de Saint-Denis pendant cinq ans.