On sait que la queue d'un lézard repousse quand on la lui coupe. Mais le mécanisme de régénération de ce membre restait mystérieux. Des scientifiques américains ont percé le secret. Appliquées à l'homme, leurs découvertes pourraient permettre de lutter contre certaines maladies.
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Quelle était la méthode ?
Dans leur étude, publiée le 20 août, les scientifiques ont passé au peigne fin les 23 000 gènes du Anolis carolinensis, un lézard d'environ 20 centimètres de long. Son séquençage génétique complet avait déjà été réalisé en 2011. Mais cette fois, les chercheurs de l'étude ont scanné tous les gènes pendant la régénération de la queue pour isoler ceux qui en sont responsables. Résultats : au moins 326 gènes sont activés dans le phénomène : une véritable "recette" dans l'ADN du lézard.
Qu'ont-ils découvert ?
"Nous avons été très surpris", explique, au Huffington Post (lien en anglais), Kenro Kusumi, coauteur de l'étude et professeur de science de la vie à l'université de l'Arizona (Etats-Unis). "Nous pensions que la régénération était localisée au bout de la queue qui pousse. Au lieu de cela, les cellules sont divisées en plusieurs poches incluant les muscles, le cartilage, la moelle épinière et la peau. Et ça, tout au long de la queue."
Les cellules se multiplient au sein de nouveaux tissus qui créent la nouvelle queue. "Mais la régénération n'est pas un phénomène instantané", rappelle Elizabeth Hutchins, elle aussi coauteure de l'étude. "En réalité, il faut plus de 60 jours à un lézard pour recréer une queue fonctionnelle."
Quelles applications possibles pour l'être humain ?
Les lézards partagent une bonne partie de leur génome avec les être humains, explique les chercheurs. Presque tous les 326 gènes identifiés dans la régénération de la queue du lézard existent dans l'ADN humain. Cela veut-il dire que nous pourrons bientôt faire repousser nos membres ou nos organes ? Malheureusement non. Mais les scientifiques pensent que leurs découvertes pourraient ouvrir une nouvelle voie dans les traitements thérapeutiques des malformations congénitales, des lésions de la moelle épinière et de l'arthrite.
La douloureuse inflammation des articulations, répandue chez les personnes âgées, pourrait être traitée en régénérant le cartilage des doigts ou des chevilles. "Les lézards créent beaucoup de ce cartilage dans leurs queues en régénération, explique Kenro Kusumi au Huffington Post. Nous espérons que ce procédé pourra être activé pour soigner l'arthrite chez l'être humain."