Assises : le doute grandit. David Fraumens en sera-t-il le bénéficiaire ?

Le quatrième jour d’audience a permis à Eric Dupond-Moretti, avocat de David Fraumens d’instiller le doute. Désormais, seul Daniel Adécalom, la victime, est persuadé que l’accusé est le tireur de la Saint-Sylvestre 2001.
14 années se sont écoulées depuis la nuit du 1er Janvier 2001 à 2h15. Ce soir de la Saint-Sylvestre, Daniel Adécalom, aujourd’hui âgé de 57 ans reçoit 130 plombs. Il a été touché au torse, puis au visage. C’est le second coup de feu qui l’a rendu borgne. Depuis, il a toujours désigné David Fraumens. Cet adversaire aux gros bras vendait ses services, comme lui, sur le quartier du Chaudron. Un marché du gardiennage qui avaient provoqué de violents face à face entre les deux belligérants.
 
Amnésie générale
 
Au quatrième jour, du troisième procès d’assises de David Fraumens, la défense a été aidée par les témoins. Entre ceux qui refusent de venir, ceux qui ont disparu et ceux qui se taisent, les conseils du prévenu se sont engouffrés dans la brèche pour renforcer le doute. Personne, en dehors de la victime affirme que le prévenu tenait le fusil à canon scié. Même le cousin de Daniel Adélacom, présent le soir de drame à soudainement des trous de mémoire. Comment les jurés vont-ils interpréter cette amnésie générale ?
 
La mémoire ou la peur ?
 
Soit, les jurés décident que le doute doit bénéficier à l’accusé, soit ils suivent l’accusation et la partie civile qui évoquent la peur des témoins. Le parquet avait anticipé cette difficulté. Dans une note, il demandait aux policiers un rapport sur le climat pesant que fait régner le clan Fraumens dans le quartier et sur les pressions ont les témoins pourraient être les cibles. Des instructions dirigées qui ont donné lieu à un incident dès l’entame de ce procès.
 
Un gros bras ou un meurtrier potentiel ?
 
Facile pour la défense du prévenu d’affirmer qu’on souhaite enfermer son client sans autre forme de jugement. D’ailleurs maître Eric Dupond-Moretti, en invectivant les témoins, en haussant le ton, en affrontant le président du tribunal est devenu le mauvais garçon de la salle d’audience en lieu et place de David Fraumens. Une manière de détourner l’attention de l’accusé. Au fil des jours David Fraumens s’est tu, apportant du poids à la version de son avocat. C’est un vilain mauvais garçon, un gros bras, mais il n’est pas à l’origine de cette tentative de meurtre.
 
 
Une version qui prend corps. Résistera-t-elle à cette cinquième journée d’audience ? La question est posée…

Reportage : Emmanuelle Haggai, Claude Testa. Montage : Christine Ducos