Incendie de Marseille en 2009 : l’instructeur Réunionnais de la légion seul coupable ?

1077 hectares de garrigues partis en fumée du 22 au 25 Juillet 2009 sur les hauteurs de Marseille. Un feu provoqué par un entraînement de la Légion qui avait fait deux blessés et 67 victimes matérielles. Face au tribunal correctionnel, l’adjudant-chef Philippe Fontaine, l’instructeur.
L’adjudant-chef Philippe Fontaine est un légionnaire exemplaire. Pourtant, le militaire de carrière, maintes fois décoré pour services rendus à la Nation, doit faire face au tribunal correctionnel de Marseille. Il est poursuivi pour : « destruction, dégradation ou détérioration involontaire du bien d’autrui ».
La justice lui reproche d’avoir provoqué un gigantesque incendie dans les calanques de Marseille.
Le 22 Juillet 2009, le prévenu organise un exercice de tir pour cinq légionnaires qui doivent partir en Afghanistan. Ils vont utiliser des balles traçantes. Munitions prohibées en cette période de fortes chaleurs et de risque élevé d’incendie.
Selon, l’accusation et les spécialistes, cette liberté prise avec le règlement est à l’origine de la destruction de 1077 hectares, de deux blessés et de 67 victimes matérielles.
 
Les balles traçantes désignent une cible
 
 « Je vis depuis cinq ans avec cet incendie », Philippe Fontaine, légionnaire en tenue et dans son comportement, vit très mal ce procès.
Emprunté, rigide, il répond tout doucement aux questions de la présidente du tribunal. « Une balle traçante aurait-elle pu ricocher et ainsi être à l’origine du départ de feu ? », s’interroge la magistrate note le journaliste de La Marseillaise. Dans un souffle, l’adjudant-chef nie cette possibilité pourtant mise en avant par les experts de la gendarmerie en charge de ce dossier.
Pour l’accusé, les consignes, l’obligation d’avoir une autorisation de la hiérarchie pour utiliser les balles traçantes n’étaient pas prioritaires. Cinq après les faits, il dit à nouveau : « les missions se succédaient, il fallait entraîner les jeunes », avant d’ajouter, « les balles traçantes désignent une cible, mais aussi que votre chargeur va être vide… ».  
 
« Pensez-vous que nous sommes insensibles ? »
 
« Craignez-vous de mettre en cause votre hiérarchie ? » demande son avocat, « bien sûr », répond sans hésiter le mis en cause. Pourtant, depuis cinq ans le militaire, originaire de l’île de La Réunion, à les épaules larges. Son commandement n’a pas hésité à se désolidariser en évoquant : « une faute professionnelle», de « l’indiscipline ».
A 48 ans, le légionnaire est désormais installé à Calvi au sein du régiment étranger de parachutiste. Exemplaire et discipliné, il poursuit ses missions et attend de pourvoir tourner cette page sombre qui le hante.
Lundi, pressé de questions il a fendu la carapace en concédant à l’auditoire : « pensez-vous que nous sommes insensibles ? Quand sur le terrain, nous perdons nos amis ou que nous découvrons les cadavres d’un père, d’une mère et de leur enfant tués d’une balle dans la tête… ». Une précision qui n’excuse pas la faute éventuelle, mais qui permet de mieux comprendre cet acharnement à vouloir entraîner les futurs combattants…