230 000 Réunionnais touchent le RSA, la Cour des comptes dresse un bilan du dispositif

A La Réunion, 1 habitant sur 4 perçoit le RSA. Seuls 35% des bénéficiaires retournent vers l'emploi. Depuis 2020, la gestion du RSA a été recentralisée et déléguée à la CAF. Elle œuvre conjointement avec le Département et Pôle Emploi.

Plus de 2 millions de foyers français sont bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active. Avec une dépense annuelle de 15 milliards d’euros, la crise ayant accru les risques de précarité, la Cour des Comptes s’est penchée sur les résultats du dispositif.

Une évaluation dans la globalité, à laquelle ont participé dix chambres régionales et territoriales de la Cour des comptes, parmi lesquelles celle de La Réunion. Dans le département, 230 000 habitants, soit près de 100 000 foyers, touchent le RSA. C’est donc un habitant sur 4 qui dépend de ce revenu, dans un territoire où 38% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Majoritairement des femmes, seules ou avec enfants

Plus de la moitié des bénéficiaires sont dans le dispositif depuis au moins 5 ans, 16% depuis au moins 10 ans. Les communes rurales, dans l’Est et dans le Sud, comptent la part de bénéficiaires la plus élevée.

D’après la CRC, 60% des allocataires sont des femmes, 69% des allocataires sont en situation de personne seule ou avec un ou plusieurs enfants et 48% des allocataires sont locataires. Des bénéficiaires qui éprouvent de nombreuses et profondes difficultés sociales, de logement, et de santé, préjudiciables à leur insertion.

Le RSA, est bien un revenu de solidarité de près de 500 euros par mois. Il a été mis en place en 2011 pour réduire lutter contre la pauvreté et inciter à la reprise d’une activité.

Selon la Chambre, l’offre d’insertion  majoritaire, type contrats aidés, améliore temporairement les revenus des bénéficiaires sans les insérer durablement, au prix d’une dépense élevée pour les finances publiques. La dépense publique de RSA est en augmentation sous l’effet de la réduction des contrats aidés et de la revalorisation du montant mensuel du RSA.

Améliorer l’accompagnement pour favoriser l’insertion

Selon la Chambre Régionale des Comptes, l’orientation des bénéficiaires du RSA par le département "demeure perfectible". Elle note que la Caisse d’Allocation Familiales et le Département n’évaluent pas les résultats de leurs actions sociales, en revanche Pôle Emploi suit les sorties à l’issue du parcours professionnel.

En raison des freins sociaux, les bénéficiaires du RSA relèvent d’abord de l’accompagnement social et socio-professionnel départemental. Mais cet accompagnement, social par le Département ou professionnel par Pôle Emploi, reste pénalisé par les importants flux d’entrée dans le dispositif chaque année.

La Chambre Régionale des Comptes estime que le dispositif nécessite un accompagnement plus global, d’autant que l’accompagnement conjoint par un travailleur social du Département et un conseiller de Pôle Emploi offre de meilleurs résultats de sortie dans l’activité.

Pas de retour à l’emploi pour les deux tiers des bénéficiaires

Seuls 35% des bénéficiaires du RSA orientés en 2019 avaient signé un contrat d’engagements réciproques, essentiellement dirigés vers un parcours professionnel géré par Pôle Emploi.

Quatre bénéficiaires du RSA sur cinq disposent d’une expérience professionnelle. Un tiers ne possède aucun diplôme ni de qualifications requises par les métiers qui embauchent, comme dans les secteurs de la construction, du transport, de l’hôtellerie-restauration et du tourisme.

Un constat de difficultés pour retrouver du travail partagé par Frédéric Turblin, le directeur de la CAF. Il précise que depuis décembre 2020, une recentralisation été effectuée, permettant aux acteurs, CAF, Département et Pôle Emploi, de s’inscrire dans une dynamique collégiale pour améliorer l’orientation et l’accompagnement des bénéficiaires.  

A La Réunion, l’Etat a repris en 2020 le financement et l’attribution du droit du RAS, ainsi que l’orientation, et les a délégués à la CAF. La désignation de cet opérateur unique doit permettre d’améliorer la gestion des droits des bénéficiaires, la construction d’une offre globale de services et d’accroître l’autonomie des personnes concernées.