71% des soignants de La Réunion ressentent un stress professionnel intense. Une enquête a été menée auprès de ceux qui nous soignent par l’association Tipa Santé, qui regroupe 10 Unions Régionales de Professionnels de Santé de La Réunion.
Parmi ceux qui ont répondu, 87% estiment tout de même que leur santé physique est bonne et leur santé mentale à 80%. Les deux tiers d’entre eux déclarent tout de même se sentir épanouis dans leur métier.
Un mal insidieux
Malgré tout, un peu moins d’un soignant sur deux serait en situation d’épuisement professionnel. La pression sur les charges administratives augmente de plus en plus sur ces professionnels.
38% des professionnels de santé ayant répondu estiment qu’ils présentent des troubles de l’attention, de la mémoire et de la concentration, ce qui constitue les premiers signes de burn out, explique Amandine Lavogiez, la présidente de l’association Tipa Santé, invitée de la Matinale de Réunion la 1ère ce mardi 3 septembre.
Des signes qui doivent inquiéter puisqu’ils peuvent avoir des conséquences sur la qualité des soins.
Quand vous êtes moins à l’écoute, quand vous enchaînez les consultations, vous pouvez passer à côté de petites informations qui peuvent être importantes.
Amandine Lavogiez, la présidente de l’association Tipa Santé
Les cordonniers les plus mal chaussés
Le rôle du professionnel de santé est avant tout " d’entendre et de soigner ", estime Alain Duval, infirmier libéral à Saint-Denis, qui reconnaît que de ce fait il est confronté " à la douleur, à la souffrance, au désespoir, à la maladie et à la mort ".
Si un soignant fait toujours passer son patient " en premier ", un soignant fatigué, préoccupé ou stressé est plus faillible. Parce que " les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés ", les professionnels de santé négligent souvent leur santé physique et mentale, constate Alain Duval.
Savoir s’arrêter, quand cela est possible
Lui essaie de " faire attention à s’écouter, à savoir à quel moment on peut continuer à travailler et à quel moment on doit savoir s’arrêter ".
Encore faut-il pouvoir s’arrêter, beaucoup de professionnels de santé ne trouvent pas de remplaçants, certains sont tenus par la continuité des soins à la différence d’un médecin qui peut fermer son cabinet le samedi midi, estime l’infirmier libéral.
Apprendre à prendre soins des soignants
" C’est quand même assez inquiétant, c’est quelque chose d’insidieux, vous ne voyez pas ", déplore Alain Duval. L’infirmier libéral participera vendredi et samedi prochains au séminaire organisé à Saint-Gilles par l’association Tipa Santé sur la santé des professionnels de santé.
L’association a fait le constat qu’aucun dispositif particulier n’existait pour les professionnels de santé libéraux quand ils ne vont pas bien, " on n’a même pas de médecine du travail ", déplore Amandine Lavogiez, sa présidente. Le séminaire sera donc l’occasion de réfléchir à des solutions en local en se basant sur les résultats de l’enquête.