A La Réunion, 95% des déchets triés sont exportés

Cycléa, unité de tri sélectif au Port
Faute de filière de traitement des déchets recyclables à La Réunion, 27 000 tonnes de matières revalorisables sont exportés vers l’Europe ou l’Inde. Une unité de valorisation doit voir le jour à Pierrefonds. Elle comprendra aussi un incinérateur.

A La Réunion, les déchets sont triés et collectés, mais que deviennent-ils ensuite ? Comment sont-ils traités ? Un Réunionnais jette en moyenne 35 kg d’emballages et de papier. Des matières valorisables, qui sont triées et récupérées par des opérateurs tels que Cycléa, une société d’économie mixte basée au Port.

27 000 tonnes de déchets recyclables exportés chaque année

Ces matières que l’on retrouve dans les bacs jaunes, les cartons, papiers, revues et bouteilles en plastique, pourront ainsi avoir une seconde vie, mais pour cela il faudra qu’elles soient exportées pour la grande majorité d’entre elles.

A La Réunion, 95% des déchets considérés comme des matières secondaires valorisables, sont exportés, soit 27 000 tonnes par an. Cycléa est ainsi le 2ème exportateur du territoire en volume, après le sucre, explique Laurent Blériot son directeur général.

 

Vers l’Inde et l’Europe

Ces déchets sont principalement réexportés vers l’Europe, notamment le carton et les papiers. Les métaux ferreux et non-ferreux, issus des encombrants ou de dépôts sauvages par exemple, vont dans des fonderies en Inde.

Il s’agit de déchets qui sont en fait des matières premières revalorisables et qui ont donc de la valeur, insiste Laurent Blériot. Des matières particulièrement recherchées sous cette forme pour ne plus avoir à aller les extraire du sol et ainsi limiter l’empreinte de l’Homme sur son environnement en donnant du sens à l’économie circulaire, ajoute-t-il.

Une unité de valorisation à La Réunion

Le projet RUN’EVA dans le Sud de l’île va permettre de transformer une partie de ces "matières" en énergie et de recycler localement ce qui le pourra. La première pierre de cette unité de revalorisation énergétique a été récemment posée à Saint-Pierre.

Deux grandes fosses de stockage pourront accueillir jusqu’à 230 000 tonnes de déchets, qui seront ensuite traités dans ce centre avec trois filières. Le recyclage classique, la méthanisation organique de déchets biodégradables et la revalorisation énergétiques, en incinérant les déchets.

Les ressources ne sont pas infinies "

" Nous sommes sur une île, nous sommes loin de tous les centres de valorisation et nous avons l’obligation impérieuse de trouver des solutions localement. Jusqu’à présent, le modèle économique fonctionnait sur le principe linéaire de l’extraction d’une ressource à son enfouissement. Aujourd’hui, on sait qu’il ne tient plus, puisque les ressources ne sont pas infinies. "

Laurent Blériot, directeur général de Cycléa

 

En clair, les matières qui ne pourront pas être recyclées seront valorisées énergétiquement, par l’incinération. Des filières nouvelles, comme le plastique, pourront ainsi émerger avec des emplois à la clé, estime le directeur général de Cycléa. Cette filière pourra interagir avec des industriels qui aujourd’hui importent des plastiques en paillettes ou microbilles.

Evolution du tri en 2022

40% des matières déposées dans les bacs jaunes n’ont rien à y faire, car pas recyclables ou destinés à des filières spécifiques. Aiguilles, cadavres d’animaux, grenade, les agents chargés du tri ont parfois de désagréables surprises, explique Laurent Blériot.

Plus communément, il faut savoir que les suremballages ne sont pas destinés au recyclage pour l’instant, mais à partir de 2022, les règles vont changer. Les briques alimentaires, qui contiennent à la fois du carton et de l’aluminium, pourront à l’avenir être déposées dans le bac jaune. D’ici là, les usines devront être adaptées.

A noter, les pots de yaourts et les barquettes de viande, qui sont en fait du polystyrène, ne doivent pas être jetés dans le bac jaune. Les emballages de pizzas ou autres qui sont sales, non plus. Les masques chirurgicaux encore moins.