Accès à l’emploi des jeunes réunionnais : la proximité des équipements ne suffit pas

Six jeunes réunionnais sur dix vivent dans des quartiers proches des centres-villes qui leur offrent une accessibilité aux services et équipements favorisant l’insertion sociale et professionnelle. Pourtant, un nombre important d’entre eux peinent à s’insérer sur le marché de l’emploi.
 
L’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) s’est penché, dans une étude parue ce jour, sur les moyens mis en œuvre afin de permettre aux jeunes réunionnais de s’insérer professionnellement et socialement. Ces moyens, ici appelés équipements, ont été regroupés en quatre catégories : formation, accès à l’information et aux droits, emploi-insertion et sport-culture. L’accent a ainsi été particulièrement mis sur la proximité qui existe entre ces jeunes et les équipements en partant du postulat que l’accessibilité favorise l’insertion.

Obtenir un diplôme, un travail, un logement, fonder une famille sont ainsi des marqueurs de l’émancipation. Dans ces domaines, la jeunesse réunionnaise, peu autonome, est très à l’écart des standards métropolitains. Ainsi, entre 25 et 29 ans, 32 % des jeunes qui habitent à La Réunion vivent encore chez leurs parents, contre 18 % en métropole.
 

Une proximité qui ne suffit pas à réduire les difficultés d’insertion


La majorité des 170 400 jeunes réunionnais de 15 à 29 ans résidant dans le département en 2017 vivent dans des quartiers où l’ensemble des équipements sont très accessibles. Pour 90% d’entre eux, le temps d’accès moyen est inférieur à 15 minutes en voiture en heures creuses. En effet, la population est essentiellement concentrée sur le littoral et à mi-pente ce qui favorise l’accessibilité aux équipements situés principalement dans les centres-villes. 
 
les difficultés de formation et d’emploi des jeunes Réunionnais


Les disparités entre les Bas et les Hauts sont plus marquées


Qu’il s’agisse d’accès à l’information et aux droits ou aux équipements sportifs et culturels, le rapport de l’INSEE met en exergue la problématique des écarts. La jeunesse réunionnaise est particulièrement précaire : 52% des ménages, dont la personne de référence a moins de 30 ans, vivent en dessous du seuil de pauvreté en 2017. Ainsi, l’accès à ces équipements favoriserait la cohésion sociale et l’insertion professionnelle. Or, certains territoires situés dans les Hauts et dans les Cirques peuvent en être éloignés voire privés. Par exemple, la Plaine des Palmistes ne dispose pas de piscine municipale, les jeunes doivent en moyenne faire un trajet de 25 minutes pour en trouver une.

Une disparité qui se ressent également quant aux services liés à la formation. La déscolarisation à 18 ans dans l’île reste très élevée : 30% en 2017 contre 17% en métropole. 27% des jeunes réunionnais de 15 à 29 ans sortis du système scolaire n’ont pas de diplôme qualifiant. Même si 88% des jeunes réunionnais vivent à moins de 15 minutes d’un lycée général et technologique, les territoires plus ruraux sont pénalisés avec l’absence de tels établissements dans les cirques, à Sainte-Rose, Saint-Philippe, à Petite-Ile ou dans les hauts de Saint-Joseph précise l’étude de l’INSEE.
La situation des jeunes réunionnais sur le marché de l’emploi est pourtant préoccupante : 58 % des 15-29 ans ayant quitté le système scolaire n’ont pas d’emploi en 2017, contre 32 % en métropole.
 
les difficultés de formation et d’emploi des jeunes Réunionnais


8 800 jeunes vivent dans des quartiers isolés ou très isolés


Dans les quartiers situés essentiellement en zones urbanisées et centres-villes, 98 600 jeunes bénéficient d’une très bonne accessibilité à l’ensemble des équipements et services. Malgré tout, six jeunes sur dix de ces quartiers n’ont pas d’emploi.
 
les difficultés de formation et d’emploi des jeunes Réunionnais

A l’opposé, 8 800 jeunes vivant des neuf grands quartiers isolés ou très isolés cumulent précarité sociale et éloignement aux équipements qui pourraient favoriser leur insertion sociale. Les jeunes de Salazie, La Plaine-des-Palmistes, Sainte-Rose, Saint-Philippe, et ceux des quartiers isolés de Saint-Bernard à Saint-Denis, Jean-Petit à Saint-Joseph, La Chaloupe et Le Plate à Saint-Leu mettent en moyenne 20 minutes pour accéder aux équipements et services, soit 2,5 fois plus que l’ensemble des jeunes réunionnais. Les jeunes de Cilaos, eux, mettent en moyenne 42 minutes.

Sur le plan de la formation, les jeunes de ces quartiers sont dans une situation particulièrement précaire. À 18 ans, 41 % ne sont plus scolarisés. De plus, 34 % des jeunes de 15 à 29 ans n’ont pas de diplôme, soit la part la plus élevée de l’île.
 
les difficultés de formation et d’emploi des jeunes Réunionnais

Dans les territoires isolés, le recours à des services en ligne pourrait, de fait, compenser des temps d’accès plus longs aux équipements. Toutefois, cet usage est freiné par le fait que la majorité de ces territoires ne bénéficient pas à la mi-2020 du développement de la fibre optique.