Cinq jours après le passage destructeur du cyclone Chido, le président de la République Emmanuel Macron est arrivé jeudi 19 décembre sur l'île de Mayotte pour constater l'ampleur des dégâts. Récit d'une première journée de visite, alors que le chef de l'Etat a finalement décidé de passer la nuit et une journée de plus dans le 101e département français sinistré.
Arrivé sur l'aéroport Marcel Henry de Pamandzi, Emmanuel Macron a été accueilli sur le tarmac par le ministre chargé des outre-mer François-Noël Buffet, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville et des personnels civils et militaires. Il a très vite été interpellé par une femme.
"On sera là", répond le président
"Monsieur le président, ne partez pas trop vite. Mayotte est démolie. On est sans eau, on est sans électricité, sans nourriture, il n’y a aucun endroit où aller parce que tout est démoli. On n’est même pas à l’abri avec nos enfants." " On sera là", a répondu le président de la République, dont les services ont annoncé dans la journée qu'il décalait son départ pour Djibouti, afin de rester une nuit et une journée supplémentaire à Mayotte.
Activation de l'état de calamité naturel exceptionnel
Le chef de l'Etat a d'abord effectué une reconnaissance aérienne de l'île à bord d'un hélicoptère de la gendarmerie nationale pour constater les ravages causés par le Cyclone Chido. Des dégâts ayant justifié l'activation d'un dispositif inédit, celui de "l'état de calamité naturelle exceptionnelle", censé "permettre une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d'urgence" a expliqué mercredi 18 décembre le ministère des outre-mer.
Un hôpital de campagne pour soulager le CHM
Emmanuel Macron s'est rendu ensuite au Centre hospitalier de Mamoudzou (CHM), où il a visité l'unité de psychiatrie, le service de réanimation, la maternité et les urgences, avant de confirmer qu'un "hôpital de campagne" serait installé sur l'île "dès demain" pour soulager le CHM, dont les personnels ont exprimé leur détresse.
Cet hôpital mobile pourrait prendre en charge jusqu'à 100 patients. Le matériel pour sa construction est encore en cours d'acheminement par un avion Antonov affrété par l'armée de l'Air.
"Est-on sûr qu'il n'y a pas de gens pris sous les tôles ?"
Direction alors le quartier dévasté de Cavani, au sud de Mamoudzou, où Emmanuel Macron fait face aux demandes des habitants, tant sur le rétablissement des accès à l'eau et l'électricité que l'enlèvement des ordures.
Aux services de secours, le président Macron demande comment se déroulent les opérations. "Des gens ont besoin d’être désenclavés et d'avoir accès à l’eau", relaient-il. "Il y a beaucoup d’endroits qui ne sont pas déblayés ? Et on est sûr qu'il n'y a pas de gens pris sous les tôles ?", questionne alors le président.
"On ne peut pas vous répondre...", entend-on, alors que les interrogations demeurent sur le bilan humain réel du cyclone Chido. "On a mis en place une méthode de travail : il y a des contacts avec les mairies, les associations, les responsables musulmans. On va monter une mission pour appréhender les choses et tenter d’avoir un chiffre plausible", répond le préfet.
"Mayotte et la France entière sont bousculées"
S'en est suivie une séquence au Conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou, où le président a échangé avec des élus et représentants de la société civile, notamment du monde économique.
"C'est une zone de guerre, c'est comme si une bombe atomique avait frappé Mayotte. C'est pour cela qu'il faut un plan Marshall" a lancé Carla Baltus, présidente du Médef mahorais.
"La France a été touchée par un cyclone d'une violence inédite", a répondu Emmanuel Macron. "Mayotte et la France entière sont bousculées par cette situation qui vient s’ajouter à des crises multiples. Je suis très touché par la résilience et l’engagement que je vois chez chacun" a-t-il complété, indiquant souhaiter "que dans la reconstruction de Mayotte, on privilégie l'offre économique pour rebâtir."
"Tous les drapeaux seront en berne"
"Nous devons interdire la reconstruction des bidonvilles", a lancé lors de cette réunion le maire Mamdoudzou Ambdilwahedou Soumaila sous les applaudissements de l'auditoire. "Un cadre législatif spécifique à Mayotte doit être adopté. Des décisions difficiles sont nécessaires pour garantir que Mayotte ne devienne pas le plus grand cimetière de France même si nous craignons que ce soit déjà le cas".
En fin de journée jeudi, c'est sur son compte X (ex-Twitter), que le président de La République a annoncé qu'il décrétait une journée de deuil national en mémoire des victimes du cyclone Chido. Il a invité "tous le Français à se recueillir à 11h" le lundi 23 décembre.
Vendredi 20 décembre, Emmanuel Macron devrait retourner sur le terrain auprès des sinistrés dans le village Combani, dans l'intérieur de Grande-Terre.
Prix bloqués sur les produits de première nécessité
Parmi les autres mesures annoncées ce jeudi, un décret a été publié au Journal officiel pour bloquer les prix des produits de grande consommation à Mayotte à leurs niveaux atteints le 13 décembre dernier. Sont concernés les produits comme l'eau minérale, les produits alimentaires, les aliments pour animaux, les piles, les pansements, les produits d'hygiène de base et de nettoyage, ainsi que les produits et matériaux de construction, matériels électriques et outils.