Addiction aux jeux d’argent : "le jeu, c’était aussi indispensable que respirer"

Le témoignage de Christophe, ancien addict aux jeux d'argent
Les addictions sont nombreuses et variées. Jeux vidéos, tabac, alcool… Mais aussi jeux d’argent. C’est sur ce dernier point que Christophe témoigne. Il est un ancien "addict". Une promesse d’argent facile. L’enfer a débuté lorsqu’il avait 18 ans.

Casino en ligne, paris sportifs, courses hippiques… Les premiers gains ont été euphoriques pour Christophe. Une promesse d’argent facile ; mais lentement, il sombre dans un cercle vicieux et infernal.

Le reportage de Réunion La 1ère :

Le témoignage de Christophe, un père de famille tombé dans l’addiction aux jeux d’argent

"On ne pense plus à sa vie de famille"

L’enfer a débuté lorsqu’il avait 18 ans, lors de ses études. "Le jeu, c’était aussi indispensable que respirer. Je dormais très peu" confie-t-il. Les conséquences de cette addiction sont lourdes. En quelques années, il perd une fortune, son travail et sa famille. "On ne pense plus à sa vie de famille, on ne pense pas à ses enfants. J’allais les chercher à l’école, je jouais sur mon téléphone. J’étais au travail, je jouais sur mon téléphone".

Depuis deux ans, grâce à des associations, un addictologue et un psychiatre qu’il voit régulièrement, son addiction a disparu. 

"J’ai une part de responsabilité, mais les opérateurs de jeu aussi"

Christophe vit seul, sous anxiolytique, surendetté et avec des regrets. "En l’espace de cinq ans, en mise cumulée, ça dépasse 2 millions d’euros pour 500 000 euros de perte" déclare Christophe. "Une fois que mon épouse a découvert la vérité, elle était sous le choc de savoir tout ce que j’avais pu perdre en jeu" raconte-t-il. Si Christophe témoigne aujourd’hui, c’est pour aider d’autres personnes sous l’emprise du jeu car "personne ne m’a jamais prévenu, même pas les banques".

Je faisais des approvisionnements en carte bleue jusqu’à 10 à 15 000 euros le mois. Les banques laissaient faire. Elles voyaient les virements aller sur les opérateurs de jeu en ligne.

Christophe, ancien accro aux jeux d'argent

"J’ai une part de responsabilité mais les opérateurs de jeu aussi. Il est indiqué dans la loi qu’ils ont une obligation d’identifier et d’accompagner les joueurs pathologiques. Cette obligation n’a manifestement pas été respectée" souligne Christophe.

Que dit la loi ?

L’opérateur de jeux (…) prévient les comportements de jeu excessif ou pathologique par la mise en place de mécanismes d'auto-exclusion et de modération et de dispositifs d'autolimitation des dépôts et des mises.

Article 26 de la loi n° 2010-476 du 12 mai 2010 relative à l'ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne.

"L'addiction frappe à tous les moments de la vie. On doit être vigilant, peu importe l'âge et la catégorie socioprofessionnelle" rappelle Bellal Rojoa, psychologue au sein de l'unité d'addictologie du CHU. 

Les précisions de Bellal Rojoa sur le plateau de Réunion La 1ère, concernant les addictions :

Invité plateau : Bellal Rojoa, psychologue au sein de l’unité d’addictologie du CHU