Affaire des emplois au cabinet de la Région : les premiers prévenus soupçonnés d’emplois fictifs entendus à la barre

Didier Robert comparait dans l’affaire des emplois présumés fictifs de la Région
Au troisième jour du procès incriminant Didier Robert et sa garde rapprochée dans l’affaire des emplois présumés fictifs au sein du cabinet du président de la Région, les témoignages des prévenus se poursuivent ce mercredi 17 avril au tribunal. Il faudra une quatrième journée d'audience pour examiner l'affaire des emplois présumés fictifs de la Région.

Après Ie passage à la barre hier soir, mardi 16 avril, d’Alfred Ablancourt et celui plus remarqué d’Ismaël Aboudou, c’est Yves Ferrière qui a été entendu ce mercredi 17 avril au matin. Ce dernier s’est à son tour expliqué sur la réalité de ses missions sous la mandature de Didier Robert.

Une quatrième journée d'audience

Il faudra une quatrième journée d’audience pour examiner l’affaire des emplois présumés fictifs de la Région. Un dossier qui met en cause l’ancien président Didier Robert et dix autres prévenus.

Six anciens collaborateurs se sont succédé à la barre ce mercredi, en plus des deux déjà interrogés hier. Le neuvième n’est autre que Jean Louis Lagourgue, l’ancien maire et sénateur, à qui l’on reproche d’avoir signé certains des contrats.

"Je ne comprends toujours pas pourquoi je me retrouve ici aujourd’hui", lâche Jean-Louis Lagourgue, ancien élu. "J’avais les délégations de signature en tant que premier vice président, explique-t-il. J’ai joué mon rôle, à savoir faire tourner la machine en l’absence de Didier Robert. Et j’ai essayé d’accomplir cette tâche du mieux possible"

"Et je n’ai jamais signé de contrat, sans l’aval des services superviseurs", dit-il. Quid de celui d’Yves Ferrière, un de ses anciens proches à la mairie de Sainte-Marie ? 

Yves Ferrière, " facilitateur de projet "

Ce proche de Jean-Louis Lagourgue dément à son tour tout emploi fictif. " J’ai travaillé toute ma vie et aujourd’hui on ose me parler d’emploi ficitif ! ", s’emporte Yves Ferrière. L’ancien vice-président de Région, devenu entre 2017 et 2019 le conseiller technique en charge du secteur Nord au cabinet de Didier Robert, explique qu’il était " un facilitateur de projet ". " Mon parti politique c’est La Réunion ! ", lance-t-il.

Yves Ferrière énumère ses missions à la Cinor, à la mairie de Sainte-Marie et à la Région, où il ne rendait compte de son travail qu’à l’oral : " moi, je ne travaille pas par mail ", explique-t-il. Ses tâches administratives, il les évacuait tôt le matin et le reste de la journée était dédié à rencontrer la population sur le terrain, y compris les jours fériés, raconte-t-il. Il s’étonne que les enquêteurs n’aient pas exploité son agenda électronique.

Des éléments produits pour prouver que les emplois ne sont pas fictifs

Après lui, Yannick Gironcel, en charge du secteur Est, pour 4 000 euros mensuels, évoque la réalisation de plusieurs projets d’aménagements. Lui aussi assure avoir produit des éléments pour prouver que son emploi n’était pas fictif, pourtant les enquêteurs n’ont retrouvé qu’un seul rapport annuel en cinq ans.

En charge des événements culturels dans l’Ouest pour un salaire de 2 000 euros, Jean-Charles Maroudé n’avait pour sa part ni téléphone, ni ordinateur ou voiture.

En fin de matinée, Sabrina Ramin, dont le cas a été plusieurs fois cité depuis le début du procès, se trouve à son tour à la barre.

Une dizaine de prévenus pour huit emplois fictifs

Depuis lundi 15 avril, l'ancien président de Région, Didier Rober, comparait pour détournement de fonds et prise illégale d'intérêts. A ses côtés, Jean-Louis Lagourgue, ancien 1er vice-président à la Région, Vincent Bègue, l’ex-directeur de cabinet de Didier Robert, et 8 anciens collaborateurs sont jugés pour complicité et recel.

La Chambre Régionale des Comptes avait révélé l'affaire en qualifiant certaines embauches entre 2016 et 2019 "d'emplois de complaisance". 

Reste à entendre Didier Robert à la barre

L’ensemble des collaborateurs interrogés depuis hier, ont tour à tour tenté de justifier de leur poste présumé fictif. Parfois difficilement, comme pour Sabrina Ramin, un cas emblématique du dossier. Parfois plus adroitement, comme pour Yoland Velleyen, qui a pointé du doigt dans sa défense certaines lacunes de l’enquête menée par le parquet de Saint Denis.

Reste à entendre à présent Didier Robert et son directeur de cabinet Vincent Bègue.