7h00 du matin. Rendez-vous est donné au parking du Cap La Houssaye. Aline Escalon se prépare. Elle enfile sa combinaison de plongée, se leste d'une ceinture de plomb. Masque, tuba et appareil photo dans la main, palmes sous le bras, elle rejoint Laure, sa muse, son modèle du jour.
Une plongée en apnée de 15 mètres
Avec elles ce jour-là, Matthieu s'occupe de la sécurité. Sécurité car les deux femmes vont aller plonger en apnée, jusqu'à 15 mètres de profondeur, pour réaliser des clichés dans le bleu de l'océan. Une performance d'autant plus incroyable pour Laure qui nage avec un simple maillot de bain deux pièces. Enfin, Benoît est là aussi, exceptionnellement pour immortaliser ce moment en vidéo.
Tous les 4 se mettent à l'eau et se dirigent vers un spot qu'Aline a repéré précédemement. Là, une heure durant, l'artiste et sa sirène plongent, restant parfois plus d'une minute sous l'eau. Pendant que l'une shoote, l'autre s'inspire des conseils de l'artiste et de l'environnement aquatique pour performer.
Regardez le reportage :
"Un côté magique, féérique"
C'est une vraie alchimie qui se produit alors entre les deux femmes. Au fur et à mesure des plongées, Aline montre sur le petit écran de son boitier les photos prises à Laure. Cette dernière est toujours enchantée du résultat : "c'est toujours magnifique pour moi. C'est un autre monde, le côté aquatique. Et puis tel qu'elle le propose, il y a un côté magique, il y a un côté féérique ».
Paradoxalement, il n'y a pas d'obligation de résultat pour l'artiste. Le plus important est de partager un moment de créativité dans la nature, en mer ou en montagne, mais toujours en lien avec le milieu aquatique. Aline l'avoue elle-même, son talent "s'exprime bien plus facilement dans l'eau que sur la terre ferme".
Plus de 400 clichés
Pour cette session photographique, Aline aura pris pas moins de 420 clichés. C'est à Leu Studio 51 de Marie Manecy à Saint-Leu qu'elle vient sélectionner les éventuels clichés qui vont retenir son attention. Parfois il n'y en a aucun, mais, là, deux semblent convenir à cette perfectionniste. Mais avant de faire son choix définitif, de retravailler les clichés, il lui faut de une à trois semaines de maturation avant le résultat final.
De Docteur en Sciences à artiste
Si son rapport à la nature est viscéral, l'art de l'image est arrivé un peu par hasard. Car rien ne prédestinait Aline à une carrière artistique.
En 2009, un diplôme d'ingénieure en biotechnologie en poche, elle arrive à La Réunion en tant que volontaire à l'aide technique au Centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) à Saint-Pierre. Elle profite de cet environnement de recherches pour entreprendre une thèse en biologie moléculaire. En 2014 elle devient Docteur en Sciences et se remet en question. Elle ne tient pas à passer des heures le nez derrière un écran d'ordinateur. Elle part 7 mois à bord d'un voilier et prend conscience qu'elle veut donner sens à sa vie.
Aline finit par s'éssayer à l'apnée, une discipline qui lui semblait hors de portée. Subjugée par la discipline et par ce qu'elle voyait sous l'eau, c'est alors qu'elle s'est mise à la photographie aquatique. De clichés en vidéos, de portraits en films, sa notoriété se crée. C'est décidé : elle devient artiste !
L'essentiel : se faire plaisir
Aujourd'hui, son univers s'élargit. Elle a eu une première collaboration fructueuse avec Romain Philippon sur le clip de "Cri" de Saodaj. Depuis 2017, elle travaille régulièrement sur les créations du Théâtre des Alberts. Maintenant, c'est sur un travail plus artistique qu'elle s'oriente avec une création prévue au premier semestre 2022. Chaque rencontre lui fait se concentrer sur le petit pas d'après car l'essentiel pour Aline, c'est de se faire plaisir.