"Je ne veux pas lâcher la bête pour le bien de l'humanité..." Ce sont les mots de Ridaï Mdallah Mari quand il appelle les gendarmes pour les informer de son geste. C'était le 3 mai 2018. L'homme venait d'éventrer la jeune Vanina dans son appartement de Sainte-Marie.
Une scène d'horreur
Hier, lundi, la cour est revenue sur les faits avec la description de la scène de crime par les enquêteurs. Sur place, c'est une scène d'horreur, difficile à décrire tant elle est incroyable... Du sang partout, des excréments également. Les forces de l'ordre découvrent un corps humain sauvagement mutilé, une scène de crime particulièrement violente. Le corps de la victime est ouvert en deux sur le lit, vidé de tous ses organes, qui sont retrouvés dans les toilettes.
Autre moment douloureux ce mardi matin, lorsque le médecin légiste vient déposer à la barre et qu'il rapporte les 17 coups de couteau qui ont conduit à l'éviscération du corps.
Vanina, une jeune femme sérieuse
Dans la salle, la maman de Vanina supporte difficilement le rappel des faits et trouve refuge près d'un proche. Vanina avait un frère et deux sœurs. Elle étudiait, était sérieuse, ne découchait pas, "était sensible et pleine de joie de vivre". En première année de médecine, la jeune femme voulait partir en Espagne, "devenir pédiatre car elle était née prématurément" rappelle sa mère Noéline. Elle raconte également qu'elle savait que sa fille avait fait la connaissance d’un Mahorais. Le jour de sa mort, c’était la troisième fois qu’elle entendait parler de lui.
Regardez le témoignage de la maman de Vanina :
Vanina aurait refuser de l'épouser
Ridaï Mdallah Mari aurait rencontré Vanina en février 2018, lors d'une vente de tee-shirts à la sauvette, au Chaudron. Ils échangent sur la civilisation africaine ou encore l’esclavage... Puis se revoient au Jardin de l’Etat : « on se raconte nos vies, elle me parle de son père... Je veux l’embrasser, elle me dit que c’est trop tôt. Pour moi, avoir une fille Réunionnaise, c’était mon rêve… ». Ils flirtent, ont une relation sexuelle raconte-t-il, mais lui repart à Mayotte pour passer son permis.
De retour à La Réunion le 1er mai, Ridaï Mdallah Mari reprend contact avec Vanina et lui propose de venir chez lui. Il explique que la jeune femme aurait refusé de se marier avec lui. Pourtant, pour lui, "épouser une Réunionnaise était un honneur". Il se présente comme prophète, et Vanina comme le diable. Il assure avoir reçu à Mayotte la prophétie de devoir tuer le diable.
Le discernement de l’accusé au centre du débat
La cruauté des faits, comme le discours déroutant de l'accusé, placent sa santé mentale au cœur des débats. "Nous avons eu des réponses sur le fait qu'il avait une certaine lucidité et un rapport très concret avec la réalité juste après les faits, explique Me Fabrice Saubert, l'avocat de la partie civile, puisqu'il fait état de mobile dès qu'il appelle le centre opérationnel après avoir tué Vanina et au moment de l'intervention du GIGN, lorsqu'il indique qu'il a tué sa copine parce qu'elle voulait le quitter".
C'est une tout autre analyse pour la défense de l'accusé. Me Sébastien Navarro en est certain : son client n'avait pas sa pleine conscience au moment des faits : "lors de son interpellation, Ridaï Mdallah Mari a eu des propos incohérents. Il pensait avoir tué le diable. Nous attendons de voir ce que vont dire les psychiatres".
Fiché S et déjà condamné
Sa garde à vue sera émaillée de nombreux incidents. Il est parfois comateux, parfois colérique, chante et tient des propos incohérents. Il est convaincu d’avoir tué le diable. Selon les expertises psychiatriques, il s'agit d'un individu dangereux au discernement aboli lors des faits. Selon les expertises toxicologiques, le suspect n’a pas pris de substances illicites le jour des faits.
Lors de l'enquête de personnalité, Ridaï Mdallah Mari est courtois, respectueux mais angoissé à l’idée d’être épier. Il se dit victime de racisme et est fiché S pour radicalisation. Aîné d’une fratrie de 7 enfants, son père le décrit comme un enfant sage, exemplaire. Pourtant, adolescent, il est envoyé chez sa grand-mère car il rackette notamment ses camarades. Incarcéré une première fois alors qu'il est mineur, suite à une agression par sabre sur un professeur, il fera un passage à La Réunion puis en métropole dans un centre d’éducation fermé. En 2006, il intègre la prison de Mayotte.
Le procès se poursuit. Le verdict sera donné ce jeudi.