Inscrites dans la continuité des instances de dialogue organisées depuis 2015, ces Assises s’articulent autour des différentes thématiques, discutées dans le cadre de 4 ateliers différents, encadrés par le Conseil Régional du Culte Musulman de La Réunion.
Une réflexion organisée
Parmi les thèmes abordés figurent des problématiques telles que la gouvernance des lieux de culte et leur financement, la formation des acteurs cultuels et la sensibilisation à la prévention de la radicalisation ou encore les initiatives locales et spécifiques prises dans le département.
L’objectif est de balayer ces différentes questions en apportant un éclairage quant aux inquiétudes qui se font parfois grandissantes, comme pour la question de la prévention de la radicalisation ou l’indépendance du culte musulman quant aux instances islamiques internationales notamment dans le financement des lieux de culte.
Réaffirmer des valeurs
Mais ces Assises sont aussi l’occasion pour la communauté musulmane réunionnaise de réaffirmer son attachement et son respect des valeurs républicaines et des lois françaises. Ainsi, dans son allocution du 8 juillet dernier, à l’occasion de la célébration de l’Eïd Ul Fîtr, Houssen Amode, le président du Conseil Régional du Culte Musulman de La Réunion, évoquait une laïcité "bien comprise" s’inscrivant dans la réalité du territoire et de la société réunionnaise, et ainsi de son Vivre Ensemble. Et d’ajouter :
"Nous sommes donc tous, et nul ne doit en douter, des défenseurs de la Laïcité qui protège toutes les croyances religieuses mises sur le même pied d’égalité et donne les mêmes chances à tous les citoyens, à tous les Réunionnais, sans distinction aucune, pour accéder au savoir, à l’éducation, à l’emploi … et si je peux me permettre aux responsabilités locales."
Ne pas perdre les acquis
Comme pour toutes Assises, les sujets difficiles doivent également être évoqués et les doléances remontées. Ainsi, si l’Etat s’inquiète d’une possible radicalisation, la communauté musulmane évoquera à son tour la "multiplication des textes réglementaires et les positions de plus en plus sécuritaires", dues aux inquiétudes grandissantes des autorités, mais pouvant paraître attentatoires à la liberté de conscience et aux libertés individuelles.
Pourtant, fort de son Vivre Ensemble, le Conseil du Culte Musulman souhaite avant tout mettre en avant sa pratique "structurée" de l’Islam, "dirigée par des membres de la société civile et non des religieux", l’autonomie financière de son culte et la formations de ses intervenants dans le respect des valeurs républicaines et des lois du pays.
Pour une prise en compte d’une pratique réunionnaise
Convaincu de pratiquer "un Islam bien structuré", un "culte serein et ouvert, qui laisse peu de champ à des dérives pouvant conduire à des drames", le Conseil du Culte Musulman (CRCM) de La Réunion souhaite ainsi bénéficier du soutien des autorités pour figurer au sein de la nouvelle instance représentative du culte musulman au niveau national. Pour Houssen Amode, son président, cela permettrait aussi une meilleure prise en compte du modèle du culte à La Réunion pour qu’il ne "fasse pas les frais de la réforme envisagée".
Une expertise locale reconnue
Une demande qui a d’ores et déjà reçu le soutien de Nicolas Cadene, le rapporteur général de l’Observatoire National de la Laïcité, placé auprès du Premier ministre, venu dans l’île en novembre 2017. Il assurait ainsi Houssen Amode de l’utilité de l’expertise locale à la structuration du culte musulman dans l’hexagone.
Le reportage de Michelle Bertil et Alexandra Pech.