Attention à la leptospirose après les fortes pluies : 26 cas détectés depuis le début de l'année

L'épidémie de leptospirose sévit à La Réunion (photo d'illustration)
Attention à la leptospirose, avertit l'ARS de La Réunion ce vendredi 17 mars 2023. Ce message de vigilance intervient dans une période de fortes pluies, propice à l'augmentation du nombre de cas de cette maladie potentiellement grave. Depuis le début de cette année, on en recense 26. L'an dernier, cette maladie a causé trois décès sur l'île. Mais des complications sont évitables si la leptospirose est détectée et prise en charge rapidement.

Le risque est réel : depuis le début de cette année, ce sont 26 cas de leptospirose qui ont été signalés aux autorités sanitaires. Tous concernaient des hommes âgés de 24 à 70 ans, pour une moyenne d'âge de 51 ans. Parmi eux, 18 ont nécessité une hospitalisation, dont 5 en service de réanimation.

Le secteur sud de l'île est particulièrement concerné : sur les 26 cas signalés en 2023, 14 hommes y résidaient. 

Diagnostiquer rapidement pour éviter les complications

Il convient donc de faire attention aux symptômes de cette maladie, provoquée par une bactérie la leptospire, pour pouvoir la diagnostiquer et bénéficier d'une prise en charge médicale au plus vite. Car plus tôt la leptospirose sera détectée et soignée, moindre sera le risque de complications telles que les atteintes rénale, hépatique, méningée, ou pulmonaire, qui peuvent entraîner hospitalisation voire décès. 

Aussi, la réception rapide d'un signalement permet aussi à l'ARS et à Santé Publique France d'identifier les sources d'exposition potentielles et les activités à risque des personnes malades pour mettre en place des mesures de gestion adéquate. 

3 décès dus à la leptospirose en 2022 sur l'île

Si la rapidité de détection est cruciale, c'est que la maladie peut s'aggraver après quelques jours, et entraîner des complications sévères, voire le décès du patient. En 2022, 165 cas ont été déclarés, nécessitant dans 70% des cas une hospitalisation, et 3 personnes sont décédées de la leptospirose. 

"Ce sont trois décès de trop. Il ne faut plus que ça se reproduise, et c'est pour ça qu'on a besoin de tout le monde", explique Thierry Hoarau le président de la Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles (FDGDON). 

"Quand on sait qu'il y a eu trois décès en 2022, mener une campagne de 80 000 euros, c'est une goutte d'eau, ça ne représente rien par rapport à une vie. Mais ces 80 000 euros sont essentiels pour la lutte collective", intervient Serge Hoareau, vice-président du Département en charge de l'agriculture. 

Des raticides subventionnés jusqu'à fin mai 

Parmi les animaux pouvant être infectés, les rats. D'où l'importance de lutter contre leur prolifération. Le Département subventionne actuellement l'achat de raticides produits localement, dans le cadre d'une campagne de lutte il y a quelques jours avec la FDGDON. Mais il y a un hic : ces produits ne sont pas homologués par l'Etat. "Nous le faisons parce qu'il s'agit d'un problème d'ordre sanitaire", justifie Serge Hoareau. 

De mars à fin mai, les agriculteurs pourront acheter ce raticide à prix coûtant. "On a réussi à faire en sorte par anticipation avec les stocks de 2022 que le raticide 2023 soit au même prix que l'année dernière. On les vend à 50 euros le carton de 10 kilos, ils peuvent dératiser entre 3 à 4 hectares de surface avec", précise le président de la FDGDON.

L'an dernier, 1217 agriculteurs ont participé à la campagne de lutte contre les rats à La Réunion. Pour eux, l'enjeu est sanitaire, mais aussi économique, puisque les rongeurs peuvent provoquer des dégâts sur les cultures comme sur le matériel agricole. 

Les symptômes de la leptospirose 

Si chez les agriculteurs, qui se savent exposés, ont appris à s'alarmer des symptômes, chez les particuliers, cette détection est moins aisée. Alors quand s'inquiéter ? 

4 à 14 jours après la contamination par la leptospirose, soit le temps d'incubation de la maladie, celle-ci déclenche des symptômes ressemblant à la grippe. Il peut s'agir de fièvre élevée au-delà de 38,5°C, apparaissant brutalement, de douleurs musculaires et articulaires, de maux de ventre, nausées et vomissements, ou encore de maux de tête. 

"Ces signes peuvent aussi évoquer d’autres maladies comme la dengue, la grippe ou une infection Covid-19 ; c’est pourquoi il est très important de consulter rapidement son médecin traitant devant l’apparition de ces symptômes afin d’établir un diagnostic précis pour une prise en charge adaptée (examen biologique, traitement antibiotique, suivi par le médecin traitant, hospitalisation si nécessaire)"

Agence Régionale de Santé de La Réunion

Comment se contamine-t-on à la leptospirose ? 

La contamination se fait :

  • Soit directement par contact des muqueuses ou de la peau (en particulier si elle présente des coupures ou des plaies) avec les urines ou les tissus d’animaux infectés (rongeur et insectivore, chien, bovin, porc, nouveaux animaux de compagnie, etc.);

  • Soit indirectement par l’intermédiaire de l’eau (bassins, rivières, flaques), de végétaux ou de sol humide (boue, eaux stagnantes en bord de ravines…) souillés par les urines d’un animal infecté.
     

Attention à la saison des pluies 

3/4 des cas à La Réunion surviennent pendant la saison des pluies, entre janvier et mai, selon l'ARS. En cause, le lessivage des sols, qui disperse les leptospires dans l'environnement. Cette période présente aussi des conditions de température et d'humidité qui sont propices à la survie de cette bactérie dans l'eau et les milieux humides. 

Le jardinage ou les loisirs en eau douce, activités à risques 

La majorité des cas recensés sur l’île est liée à la pratique d’activité de loisirs :

  • Jardinage et élevage « la kour »,

  • Loisirs en eau douce (pêche, baignade en rivière ou bassin, sport d’eaux vives)

Certaines activités professionnelles sont plus à risques que d'autres, notamment les métiers de l'agriculture, de l'élevage, d'entretien des espaces verts, métiers du bâtiment, des loisirs aquatiques... 

"Majoritairement, les personnes qui ont déclaré une leptospirose présentaient des plaies non protégées, ou n’avaient pas de protections individuelles suffisantes".

ARS de La Réunion

Protéger ses plaies, lutter contre les rats : des mesures pour lutter contre la leptospirose

Des mesures simples permettent de limiter efficacement les risques de contamination, particulièrement pendant la saison des pluies :

  • Appliquer des mesures de protection individuelle :
    • Utiliser des équipements adaptés (port de gants étanches, bottes, combinaison…) ;
    • Protéger les plaies avant les activités à risques et les désinfecter ensuite ;
    • Ne pas marcher pieds nus ou en savates dans les eaux stagnantes ou boueuses.

  • Respecter les interdictions de baignade dans les lieux signalés à risque, et reporter des activités de loisirs en eau douce en cas d’eau trouble ;

  • Lutter contre les rats :
    • Entretenir régulièrement sa cour (absence d’encombrants ou de déchets propices à la prolifération des rats…)
    • Éliminer toutes les sources d’alimentation (y compris les restes d’alimentation des animaux)

Devant l’apparition de tous symptômes grippaux, dans les jours suivants la pratique d’une activité à risque, il faut consulter son médecin et l’informer des activités pratiquées.