Avec la flambée des prix des matériaux, la construction coûtera plus chère à La Réunion, prévient la FRBTP

Matériaux de construction au Port
Les prix des matériaux de construction flambent à La Réunion. Les acteurs du BTP appellent les autorités à se saisir de la question. Au lendemain des déclarations polémiques du ministre en visite dans l’île la semaine dernière, une entrevue s’était tenue. Les discussions doivent se poursuivre en préfecture.

Les prix de la construction, et de la rénovation, s’envolent. Il faut s’attendre à une augmentation de 10 à 20%, prévient Anthony Lebon, président de la Fédération Régionale du Bâtiment et des Travaux Publics, invité de la matinale de réunion la 1ère, ce jeudi 23 février.

 

Hausse de 33% des prix des matériaux en moyenne

Les dernières années, ils s’établissaient en 800 et 1 000 euros TTC du m² en moyenne, en 2022, la hausse moyenne des prix des matériaux est d’environ 33%, indique Anthony Lebon, le président de la FRBTP. Il précise que les matériaux représentent près de 40% du coût de la construction.

Les armatures, utilisées dans toutes les constructions, ont augmenté de 31% en 2022, les treillis soudés de 66%, le béton prêt à l’emploi de 19%, le mortier de 32%, les agrégats 30%, l’aluminium 50% ou encore le contreplaqué 87%. Une hausse des prix subie et assumée par les entreprises, explique Anthony Lebon.

Une liste de 150 références transmise au ministre

La FRBTP a établi un catalogue de 150 références, ayant subies ce type d’augmentation, qui a été présenté au ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, lors de sa venue à La Réunion du 16 au 18 février derniers.

Un ministre qui avait déclaré à la veille de sa visite que " le prix des matériaux n’a pas flambé ". Un démenti a été réclamé par la FRBTP, dont les représentants ont rencontré les conseillers de Jean-François Carenco vendredi dernier.

Une déclaration qui sonne comme " un manque de considération envers toute la profession, les femmes et les hommes, les chefs d’entreprise du BTP ", déclare Anthony Lebon. Le président de la Fédération Réunionnaise du Bâtiment et des Travaux Publics précise qu’une rencontre avec le préfet de La Réunion est prévue ce vendredi 24 février.

Des répercussions à prévoir dans les prochains mois

Le ministre a également appelé les acteurs du BTP à faire preuve de vigilance pour "maintenir les coûts". Une répercussion peut visible jusque-là, mais qui le deviendra  dans les prochains mois, de 10 à 20%, prévient Anthony Lebon. Depuis 2022, cette hausse des coûts est intégrée aux budgets par les maitres d’ouvrage.

Les conséquences sont en tout cas déjà là pour la filière. Concrètement, les bailleurs sociaux réduisent leur programmation de construction de logements sociaux par deux, compte tenu de cette hausse des prix des matériaux.

Le chiffre d’affaires dans le BTP a baissé de 20% en 2022, affirme Anthony Lebon, qui indique que les entreprises ont eu leur marge brute divisée par deux également, soit de 10% à 5% selon l’Insee.

Des marchés attribués au prix et non à la technicité

Face à l’insalubrité de logements sociaux récents, le président de la FRBTP répond qu’au-delà des problèmes de matériaux ou de défaillance d’entreprises, la question est celle de la modalité du choix des prestataires par le maitre d’ouvrage.

Bien souvent le critère principal reste le coût de la construction. L’entreprise ayant la réponse la moins chère à l’appel d’offre est généralement choisie. Un choix du prix au détriment de la technicité du chantier ou du délai, considère-t-il.

Anthony Lebon, indique que parfois, les collectivités affichent clairement comme critère de choix unique, le prix. " Il prime toujours ", le choix du prestataire est pourtant un élément essentiel. Faute de budget suffisant, le maitre d’ouvrage peut être amené à prendre l’entreprise la moins-disante pour boucler son budget, explique le président de la FRBTP.

30 000 Réunionnais en attente de logement, les crédits pour la construction pas consommés

A La Réunion, 30 000 personnes sont en attente d’un logement, malgré les multiples plans logement Outre-mer. Le premier plan logement est un échec, le rapport sénatorial en fait état, indique Anthony Lebon.

Le deuxième plan logement Outre-mer a permis d’engager la Ligne Budgétaire Unique à plus de 100%, mais en pratique derrière les crédits ne sont pas consommés en totalité. Il y a des sujets de règlement, de simplification, mais effectivement les objectifs ne sont pas atteints.

Anthony Lebon, président de la FRBTP 

Deux fois moins de logements sociaux à construire

Selon le président de la FRBTP, la programmation en logements sociaux s’oriente davantage vers 1 000 à 1 200 logements, loin des besoins et attentes du territoire. Par le passé, les années les plus basses prévoyaient la construction de 2 000 à 2 200 logements, indique Anthony Lebon.

Les bailleurs sociaux sembleraient diviser par deux le nombre de logements à construire compte tenu de la hausse du prix des matériaux, et " des budgets qui ne sont du coup plus disponibles pour lancer les opérations ", selon le président de la FRBTP. Pour lui, l’Etat, très conscient de la chose, doit prendre le relais.