Bangladesh : une marée noire menace tout un écosystème classé à l'Unesco

Une marée noire touche le village de Mongla, sur la rivière Shela (Bangladesh), le 12 décembre 2014. ( AFP )
Depuis le 9 décembre, des centaines de milliers de litres de pétrole se déversent dans cette zone dotée d'une biodiversité très riche.
Voilà dix jours qu'une marée noire ravage l'un des trésors de biodiversité de notre planète, sans que rien, ou presque, ne soit fait pour l'endiguer. Au Bangladesh, un pétrolier a percuté, mardi 9 décembre, un cargo alors qu'il naviguait sur une rivière des Sundarbans, un réseau de voies d'eau et de mangroves. Depuis, les 357 000 litres de pétrole se dispersent dans cette lagune classée au patrimoine mondial de l'Unesco. 

Les autorités ont été incapables d'organiser le nettoyage pendant les quatre premiers jours, laissant des dizaines de milliers de litres de pétrole se déverser dans ce sanctuaire. Amir Hosain, le responsable forestier des Sundarbans, a reconnu que les autorités s'interrogeaient sur les moyens de contenir la marée noire. "Cette catastrophe est sans précédent dans les Sundarbans, et nous ne savons pas comment nous y prendre, a-t-il déclaré à l'AFP. Nous sommes inquiets de l'impact à long terme parce qu'elle s'est produite dans un écosystème de mangrove fragile et délicat."

 
Son réseau de voies d'eau, de vasières et d'îlots de mangroves est "le lieu d'une exceptionnelle biodiversité dans ses habitats terrestre, aquatique et marin pour des espèces de faune et de flore de toutes tailles", précise l'Unesco, qui a alerté sur cette catastrophe jeudi 18 décembre. Ses zones côtières concentrent également l'essentiel des dauphins de l'Irrawaddy, une espèce rare qu'on trouve uniquement dans cette zone de la planète.
 
Des éponges et des sacs pour récupérer le pétrole
 
Quelques jours après le début de la marée noire, le gouvernement a affrété un bateau transportant des dispersants. Mais les défenseurs de l'environnement estiment que l'emploi de ces produits pourrait porter atteinte à la faune et la flore. Les autorités ont ensuite ordonné aux habitants des villages et aux pêcheurs de ramasser artisanalement le pétrole.
 
A l'aide d'éponges et de sacs, ils tentent de nettoyer les racines souillées de pétrole. Certains pêcheurs s'attaquent aux nappes. Ils mettent le liquide visqueux sur leur bateau, raconte France 24, puis le rapportent dans leur village où ils ont creusé des trous pour le stocker. Les personnels de la compagnie pétrolière responsable de la catastrophe viennent ensuite le récupérer, et le rachètent, pour 30 takas par litre (environ 30 centimes d'euros).

Des villageois essuient des racines souillées de pétrole sur les rives de la rivière Shela, à Mongla (Bangladesh), le 13 décembre 2014. (SHARIF SARWAR / AFP)
En plus de l'impact pour la faune et de la flore de cette zone, c'est tout un pan de la population qui est menacé. Le Monde explique que les Sundarbans sont aussi un garde-manger pour des millions d’habitants. Près de 200 000 villageois y chassent, y récoltent du miel ou y pêchent. Tanim Ashraf, un activiste pour la défense de l'environnement qui s'est rendu sur place explique à France 24 qu'un des pêcheurs qu'il a rencontré "pouvait attraper 40 à 60 crabes par jour. Ce week-end, il n’en a pris que deux". 
 

La communauté internationale aux abonnés absents

Réagissant aux critiques dénonçant l'inaction de la communauté internationale, la ministre de l'Ecologie française, Ségolène Royal, a proposé lundi 15 décembre une "assistance technique" et a promis d'"alerter" ses homologues européens au Conseil des ministres de l'Environnement.
 
Sous le feu des critiques, le gouvernement bangladais a annoncé qu'il allait entamer des poursuites judiciaires contre la compagnie pétrolière pour lui réclamer 10 millions de dollars de dommages et intérêts, une somme que plusieurs analystes jugent hasardeuse et dérisoire, rapporte France 24.