Bois puant, Bois de lait, Bois de senteur blanc, ou encore Cadoque blanche... La flore vasculaire réunionnaise est de plus en plus menacée. Une conclusion qui intervient à la suite d'une étude dans le cadre de la liste rouge des espèces menacées en France. Le bilan porté par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), en collaboration avec le Conservatoire botanique national, est sans appel. 41 % des espèces réunionnaises sont menacées.
“La situation est préoccupante”, insiste Elise Amy, chargée de mission et coordinatrice du projet Liste rouge au Conservatoire botanique des Mascarins.
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L’état de la flore réunionnaise s’aggrave
"Là vous avez une belle espèce de fougère mais déjà envahie par de nombreuses espèces notamment les goyaviers. Ici, si on ne fait rien, dans trois ans, tout a disparu", explique Jean-Maurice Tamon, habitant de la Plaine des Palmistes.
Aux côtés de Frédéric Picot, responsable Outil et méthode au conservatoire botanique national des mascarins, ils opèrent des relevés de situation de la flore. "Le rapport m’a fait froid dans le dos, on a 120 espèces supplémentaires menacées par rapport à 2010. On est dans un territoire reconnu unique mais menacé. On a des espèces protégées, l’espèce qui dominait autrefois à la Plaine des Palmistes, c’était le Palmiste. Ici il y en a plus du tout", constate-t-il.
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Notre île est reconnue pour la richesse et l’originalité de sa flore. Elle abrite des espèces qui n’existent nulle part ailleurs. L'état des lieux réalisé concerne l’ensemble de la flore vasculaire réunionnaise, soit 962 espèces indigènes. Cette flore vasculaire regroupe les arbres et plantes à fleurs, les orchidées ou encore les fougères.
Un premier état des lieux avait été réalisé en 2010 et 30 % des espèces étaient alors menacées. Treize ans plus tard, la situation s’aggrave, 41 % des espèces de la flore vasculaire sont sur la Liste rouge.
Les résultats montrent que 395 espèces sont menacées et 31 autres quasiment menacées, tandis que 41 espèces ont déjà disparu.
Des espèces “à éliminer”
Pour préserver la biodiversité, l’objectif est de lutter contre les espèces exotiques envahissantes.
Parmi les espèces “à éliminer”, d’après Elise Amy, chargée de mission et coordinatrice du projet Liste rouge au Conservatoire botanique des Mascarins, il y a “l’Ajonc d’Europe dans les milieux de montagne”.
On a la Liane papillon qui est plus dans les milieux semi-sec et on a vraiment beaucoup d’espèces exotiques envahissantes dans tous les milieux de l’île. On a le goyavier qui a un comportement envahissant dans les forêts.
Elise Amy
La flore menacée par les animaux
Les espèces de la flore réunionnaise sont également menacées par les animaux. Ils consomment les plantes et les semences.
C’est le cas de l’Achatine, un grand escargot d’origine africaine ou encore des rats qui menacent l’extinction des espèces comme le Bois d’ortie et le Mazambron marron classés espèces “en danger”.
Réduire les menaces
De nombreuses menaces endommagent la flore locale. Parmi elle, la présence d'espèces exotiques envahissantes dans les milieux naturels, les problèmes de changements d’affectation du sol et les risques naturels comme le retrait du trait de côte ou les incendies. Pour la première fois, durant les douze jours d'ateliers qui ont réuni 13 experts locaux, le réchauffement climatique a été évoqué comme une menace directe pour la diversité réunionnaise. "Ce rapport va permettre d’alerter tout le monde, tous les citoyens sont concernés, explique Frédéric Picot. Mais il va également permettre d’orienter les politiques publiques et les actions de protection de certaines espèces en priorité", conclut-il.
Pour faire face à ces menaces, des actions de conservation ont été mises en place. Ainsi, des habitats naturels sont en cours de restauration.
On lutte pour préserver des populations d’espèces menacées. Il faudrait pouvoir démultiplier ces projets, et engager des projets de luttes biologiques pour pouvoir travailler à une échelle plus grande.
Elise Amy